Les deux orphelines

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Critique de Prodigieuses, de Frédéric et Valentin Pothier (sortie le 20 novembre 2024).

 Deux soeurs jumelles, formatées par leur père depuis leur plus tendre enfance pour être des bêtes à concours, intègrent la prestigieuse école de musique de Karlsruhe. Face à de nouveaux challenges, elles révèlent leurs forces mais également une faiblesse : une maladie orpheline qui atteint leurs os et menace leur capacité à jouer du piano. Ensemble, et à quatre mains, elles vont apprendre à n'être plus qu'une...

Les deux orphelines

Prodigieuses, un film de Frédéric et Valentin Pothier.

© DR.

Inégal, le film reste une belle surprise et n'est jamais aussi bon que quand il se focalise sur ce qui en constitue le coeur : la musique. 

Prodigieuses est un film surprenant. D'abord parce que c'est un premier film, alors que rien ne le laisse vraiment transparaître, tant tout respire le professionnalisme, la maîtrise, l'expérience. Une réalisation léchée, un classicisme sans maladresse - mais sans audace. Et une certaine cohérence dans cette histoire foisonnante, abordant de multiples thèmes - desquels émerge une fascination exempte de sensationnalisme pour la gémellité, ainsi qu'une réelle passion pour la musique et son univers suranné. La précision des séquences musicales, à la fois techniques et aériennes, vient sceller cet amour du travail bien fait, cet artisanat ambitieux.

« Le film narre une histoire de combat contre soi-même et contre la maladie... »

Le film narre une histoire de combat contre soi-même et contre la maladie, une impériosité à se réinventer qui se mue en renaissance libératrice. Une émancipation fusionnelle. Cette histoire fut au départ vraie. Ces deux soeurs existent, la maladie orpheline qui les a contraintes à trouver une façon unique de jouer également. Le film réussit dans les grandes lignes à nous en faire comprendre la conception tout en conservant une vraie dose de mystère. 

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Mais une grande part reste scénarisée - une source sûre, le psychomotricien de mon hôpital de jour qui les a suivies sur une longue période, me l'a confirmé. Sans même en être sûr, on l'aurait cependant deviné. Car la façon d'aborder des aspects plus psychologiques est pour le coup incroyablement pataude, à la limite de la banalisation ou du déni. Que ce soit la violence éducative du père (interprété par Franck Dubosc) ou un phénomène d'emprise du professeur sur sa jeune élève, toutes ces composantes traumatiques sont appréhendées sous l'angle unique de l'utilité scénaristique, avec une distance et une absence de point de vue qui font finalement ressortir les limites importantes d'une réalisation lisse jusqu'à la fausse note.

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