Le pathos du pathologiste

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Ciné week-end: Seul contre tous, de P. Landesman (sortie le 9 mars 2016)

Le pathos du pathologiste

Il paraît que Will Smith était persuadé d'être nommé à l'Oscar pour le rôle du Dr Bennett Omalu, le pathologiste qui le premier diagnostiqua l'encéphalopathie traumatique chronique suite à l'autopsie d'un célèbre joueur de football, et qui, tel David contre Goliath, tenta d'établir la causalité entre la brutalité ahurissante de ce sport et les complications psychiatriques de ses joueurs. Dans un pays obsédé par la menace de poursuites judiciaires, on se doute que la NFL, aussi puissante que le lobby du tabac, n'allait pas le laisser faire...

Il faut rappeler à Will Smith que la première condition pour gagner un Oscar est de jouer dans un bon film. Et qu'hélas, malgré ses bonnes intentions et un matériau de départ intéressant, le résultat final est assez raté. Le film ne décolle jamais, n'acquiert aucune densité, la faute à une réalisation plus que paresseuse et surtout à un scénario pas du tout travaillé. On passe sur le portrait du pathologiste qui parle à ses morts en écoutant du groove, et dont la dimension religieuse - version bons sentiments - est tellement soulignée qu'elle en devient suspecte (comme si un vrai américain, à défaut d'aimer le football, devait au moins être un bon chrétien). On retiendra surtout que, à force de vouloir coller au réel, le réalisateur a gommé l'épaisseur des personnages censés s'opposer à Omalu, une succession de fantoches grimés dont on n'arrive même pas à se souvenir du nom et de la fonction. On en vient, c'est un comble, à se demander l'intérêt de raconter une telle histoire.

Un documentaire n'aurait-il pas été suffisant? Il aurait fallu, pour cela, que Will Smith se libère de son addiction à (sur)jouer les héros américains. Pas si facile de décrocher, visiblement...

Source:

Guillaume de la Chapelle

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