La Croix-Rouge dans le rouge ?

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Ca va déménager

La Croix-Rouge dans le rouge ?

Pour faire face à une situation financière délicate, la Croix-Rouge Française prévoit une valorisation immobilière de son siège social parisien. Une décision qui ne plaît pas à tout le monde, et qui inquiète les syndicats.

Plans de sauvegarde d’emplois, baisse des dotations publiques, difficultés financières… La Croix-Rouge Française cherche de nouvelles ressources. Elle est en pleine transformation de son modèle économique, a souligné Jean-Christophe Combe, son directeur général, à la suite d’un article du Parisien daté du 24 juillet dernier.

Celui-ci révèle que la direction envisage un déménagement du siège social, actuellement implanté rue Didot, dans le 14e arrondissement de Paris, dans les anciens bâtiments de l’hôpital Broussais. L’objectif étant de valoriser cet espace par une opération immobilière qui pourrait dégager « de 100 à 150 millions d’euros », a précisé le président de l’organisation, le Pr Jean-Jacques Eledjam.


Siège de la Croix-Rouge Française, rue Didot (Paris)

La Croix-Rouge joue aux promoteurs

L’idée : déménager temporairement les quelques 500 salariés du site vers des bureaux à Montrouge, raser les bâtiments existants, et reconstruire de nouveaux bureaux rue Didot, sur une partie des 16 000 m2 de l’enceinte. Le reste de l’espace serait consacré à un projet immobilier de logements et de bureaux, destinés à la revente.

Ce projet est présenté comme « l'une des solutions que nous avons trouvées pour pouvoir continuer à financer notre développement et répondre aux besoins médico-sociaux toujours plus nombreux », a expliqué le Pr Eledjam au Parisien.

Petit problème : les investissements n’ont pas été chiffrés… « Le déménagement a été présenté aux instances du personnel, mais pas le projet de valorisation », a précisé Jean-Christophe Combe. Ce qui ne manque pas d’inquiéter les syndicats.

Un modèle économique à revoir ?

À l’unanimité, ils se sont prononcés contre le déménagement. « Nous sortons de cinq plans de sauvegarde pour l'emploi depuis 2016, qui ont abouti au licenciement de près de 300 personnes », a rappelé Jean-Paul Thomas, délégué syndical CFDT santé sociaux. « Arrive ce projet sur lequel on est incapable de nous dire un coût, on se retrouve avec un siège qu'on ne va plus occuper mais qui nous appartient toujours et la location à payer à Montrouge. Tout cela nous inquiète fortement ».

La direction se dit prête à abandonner un modèle de financement public au profit d’une gestion entrepreneuriale, « en créant des activités génératrices de revenu, sur le mode des opérateurs de l'économie sociale et solidaire et en faisant des efforts de gestion importants », explique Jean-Christophe Combe.

L’ancien président de la Croix-Rouge, Marc Gentilini (1997-2004), est inquiet. Il « déplore totalement l’évolution actuelle. La Croix-Rouge est en danger. Elle devrait davantage s’intéresser à la banlieue, ou aux migrants, plutôt que faire des affaires dans l’immobilier ».

Pour l’instant, la Croix-Rouge survit avec des comptes presque à l’équilibre, malgré une baisse des financements publics. Et le virage entamé préoccupe aussi avenue Duquesne. Agnès Buzyn, interrogée à ce sujet le 25 juillet sur RTL, a annoncé qu’elle surveillerait cette évolution, « parce que c'est un organisme dont nous avons absolument besoin auprès des personnes vulnérables ».

Source:

Jonathan Herchkovitch

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