Journée mondiale de lutte contre le SIDA : Les patients atteints de VIH, encore stigmatisés

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Les personnes séropositives, encore victimes de discriminations. C'est le cri d'alerte lancé par Santé Publique France à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH. Petit tour d'horizon. 
 

Journée mondiale de lutte contre le SIDA : Les patients atteints de VIH, encore stigmatisés

Santé Publique France lance un pavé dans la mare. A l’occasion de la journée de lutte contre le SIDA, l’organisation française a décidé de communiquer sur la stigmatisation dont sont encore victimes les personnes atteintes du VIH. Dans leur ligne de mire ? Le manque d’informations, source de discrimination, dont est encore victime cette pathologie.

« L’objectif de la campagne est de promouvoir l’information autour de ce qu’on appelle le TasP », indique Nathalie Lydie, responsable de l’unité sexuelle à Santé Publique France. Abréviation de la formule anglaise « treatment as prevention », le TasP désigne le fait d'utiliser le traitement usuel contre le VIH comme outil de prévention. Et pour cause : une personne séropositive avec une charge virale rendue indéctable grâce au traitement ne peut pas être vecteur du virus, même lorsque le préservatif est remis au placard. Une avancée considérable - dont les premiers échos datent de 2008 - encore largement méconnue du grand public.

La méconnaissance, source de discrimination 
 
La faute, certainement, à un manque de communication à destination du grand public. « Pendant longtemps, on nous a reproché, à nous, pouvoirs publics, une certaine frilosité sur ce sujet. On se contentait de dire que le risque était faible. La question de la preuve était importante », souligne la responsable de Santé Publique France, désormais bien décidée à communiquer sur ce sujet éprouvé par deux grandes cohortes datant de 2016. « Elles ont permis de valider l’effet préventif du traitement », ajoute-t-elle. Une prudence également observée par les médecins spécialistes de cette pathologie qui délivraient l’information au compte-goutte entre les quatre murs de leurs cabinets médicaux.
 
Un ensemble de facteurs qui a participé à la stigmatisation des patients atteints de VIH, selon Santé Publique France. « Quand un virus est méconnu, cela génère un tas d’idées fausses sur ses modes de transmission. Et des mauvaises connaissances induisent des discriminations », indique Nathalie Lydie. Ainsi, seule une personne sur deux accepterait d’avoir des relations sexuelles avec une personne séropositive. Un avis basé sur des idées fausses qui, si elles sont largement répandues au sein du grand public, se frayent parfois un chemin dans les rangs des professionnels de santé  « On a ponctuellement des témoignages de personnes séropositives qui se sont vu refuser un soin dentaire ou une consultation en raison de leur statut sérologique », nous indique l’experte, tout en soulignant que le phénomène n’a pas été quantifié.

Le dépistage, pilier de la lutte contre le SIDA 
 
Une donne qui n’impacte pourtant pas la courbe des dépistages, en constante augmentation. « L’activité de dépistage a progressé ces dernières années (+10% entre 2014 et 2018 + 6% entre 2018 et 2019) », souligne le communiqué de presse. Une croissance certaine qu’on doit à la mobilisation des médecins libéraux, très actifs sur le sujet. « Ce sont des acteurs clefs du dépistage en France », souligne la spécialiste. Autre point positif : la coutumière gêne de certains médecins à aborder le sujet difficile de la sexualité avec leurs patients semble tendre vers une amélioration venue de la jeune génération. « Elle est beaucoup plus à l’aise avec ces sujets.», indique Nathalie Lydie. Un vent de changement bienvenu alors que le retard de diagnostic en France se situe encore à trois ans et que la marge de progression du nombre de dépistages en France apparaît encore importante.  « La Haute Autorité de la Santé recommande au moins un dépistage au cours de la vie pour la population générale. Nos données montrent bien que ce n’est pas encore le cas », indique l’experte.
 
Une question d’autant plus urgente à l’heure où la pandémie a durement affecté les activités de diagnostic. « Lors du premier confinement, le nombre de sérologies a diminué de 56 % entre février et avril 2020 », indique le communiqué de presse. Une baisse qui n’a pour l’heure pas été rattrapée.
 

Où en est-on du VIH en France ?
 
L’année 2020 est, pour l’heure, teintée de mystère. « La mobilisation des professionnels de santé sur la pandémie à SARS-CoV-2 a eu pour conséquence une sous déclaration plus importante des données 2019 », indique Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique annuel. L’organisation a donc choisi de ne présenter, cette année, que les caractéristiques des nouveaux diagnostics déclarés entre janvier 2019 et septembre 2020. Rapide état des lieux :   
  • 6,2 millions de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale. Un chiffre qui a cru de 6 % entre 2018 et 2019.
  • 43 % des séropositivités déclarées sur cette période concernaient des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes.
  • 26 % des découvertes de séropositivité déclarées sur cette période concerne des diagnostics à un stade avancée de l’infection.
  • Une baisse de 56 % du nombre de dépistage a été observée durant la première vague de Covid.

 
 

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