« Quelle autre discipline se nourrit de neurosciences, médecine, pharmacologie, sciences humaines et sociales, littérature, philosophie... pour soigner bébés, enfants, ados, adultes, âgés ; sauver des vies sans la ramener, et changer des destins ? », twittait ce 21 août Thierry Baubet, psychiatre pour enfants et adolescents en Seine-Saint-Denis.
Il répondait à une belle initiative de l’Affep (Association française fédérative des étudiants en psychiatrie) qui vient en effet de lancer le hashtag #jechoisislapsy . Objectif : que les psychiatres et les internes partagent les raisons pour lesquelles ils ont choisi cette spé. Et, bien sûr, aider les internes les plus indécis dans leurs choix !
#jechoisislapsy Quelle autre discipline se nourrit de neurosciences, médecine, pharmacologie, sciences humaines et sociales, littérature, philosophie... pour soigner bébés, enfants, ados, adultes, âgés ; sauver des vies sans la ramener, et changer des destins ? https://t.co/CwepkXM4r5
— Thierry Baubet (@TBaubet) August 20, 2019
Contactée par What’s up Doc, Audrey Fontaine, présidente de l’Affep et interne à Lille, considère que c’est la mission de son association « de pouvoir répondre aux questions des internes qui hésitent à choisir cette spécialité ». Elle espère donc, avec ce nouvel hashtag, changer la vision négative et stéréotypée qu’ont parfois les professionnels de santé sur sa spécialité :
« On se rend compte que certains futurs médecins ont une vision qui n’est pas forcément celle que l’on voit concrètement à l’hôpital ou en libéral. En général, on découvre sur le terrain que c’est un exercice très varié. Donc, l’idée, c’était de pouvoir donner des éléments de réponse aux étudiants, mais aussi, peut-être, de pouvoir convaincre certains de choisir la psychiatrie, parce qu’on est bien en psychiatrie ! »
Deuxième objectif de cette campagne : donner à voir aux médecins (au sens large) une image plus réaliste de la psychiatrie, car ceux-ci « seront de toutes façons en contact avec des patients qui souffrent de pathologies mentales et veilleront à faire du lien avec un psychiatre. Ils auront donc une petite idée en tête de ce que l’on fait au quotidien et de ce qui nous plait ! »
Les stéréotypes sur la psychiatrie ont la vie dure
Si cette campagne produit les effets escomptés, Audrey Fontaine espère également « que les personnes bien classées aux ECNI choisiront à l’avenir la psychiatrie. Car elle est quand même dans les 4 ou 5 spé qui sont en général choisies en dernier. »
Pour la présidente de l’Affep, les stéréotypes sur la psychiatrie ont en effet la vie dure, même s’ils évoluent en général au cours des études de médecine : « On retrouve régulièrement des gens qui s’imaginent qu’en psychiatrie on travaille un peu moins, que l’on gère des personnes potentiellement dangereuses, qui font des crises… Or, ce n’est pas du tout le cas. Nous avons une patientèle qui est très variée, qu’il s’agisse de troubles de l’anxiété, de la dépression, de gens qui ont des idées suicidaires… »
Un avis partagé sur la Twittosphère par Robin Jouan, interne en psychiatrie au CHU de Nice, qui a notamment choisi la psychiatrie pour les raisons suivantes :
-pour la richesse des échanges
-pour la variété des situations rencontrées
Pourquoi #jechoisislapsy pour les futurs néo-internes #ECNi2019 :
-pour la richesse des échanges
-pour la variété des situations rencontrées
-pour aller à l'encontre des idées reçues sur la psychiatrie
-pour la qualité de vie
-et pour encore pleins d'autres raisons :) https://t.co/siLU3DR7ZB— Robin Jouan (@RobinJouan) August 20, 2019
D’autres, comme le pédopsychiatre Raphaël Béné, pensent que la psychiatrie est « ce fil rouge qui relie les neurosciences, la psychologie, la philosophie et bien d’autres savoirs merveilleux. Elle apprend à écouter et à réfléchir. Lorsqu’elle est pratiquée avec respect et bienveillance, c’est la plus gratifiante des branches de la médecine. »
La psychiatrie est ce fil rouge qui relie les neurosciences, la psychologie, la philosophie et bien d’autres savoirs merveilleux. Elle apprend à écouter et à réfléchir. Lorsqu’elle est pratiquée avec respect et bienveillance, c’est la plus gratifiante des branches de la médecine.
— Raphael Bene (@neuroraf) August 20, 2019
Enfin, certains, comme Edouard Leaune, que nous avons récemment interviewé à propos d’une étude sur la prévalence de l’exposition au suicide de patients pendant l’internat en psychiatrie, ont joué la carte de l’humour.
Le chef de clinique au Centre de prévention du suicide (CPS) du centre hospitalier Le Vinatier (69) estime que la psychiatrie est « la seule spé qui te permet de passer sur @bfmtv en tant qu’« expert » de : la méditation, l’éducation des enfants, le terrorisme, les gilets jaunes, le stress au travail, la psychologie des politiques, la vie de couple, la garde alternée, les tueurs en série... » !!!
Parce que c’est la seule spé qui te permet de passer sur @bfmtv en tant qu’ « expert » de: la méditation, l’éducation des enfants, le terrorisme, les gilets jaunes, le stress au travail, la psychologie des politiques, la vie de couple, la garde alternée, les tueurs en série...
— Leaune Edouard (@EdouardLeaune) August 21, 2019
Et d’ajouter, plus sérieusement, qu’il s’agit d’une « discipline passionnante, en plein essor, qui permet des rencontres inoubliables (avec les patients et les collègues) et offre des postes et des sous-spécialités très variés. »