Hôpital Purpan : La DG du CHU demande le retrait de la fresque

Article Article

Internat toulousain épisode IV

Hôpital Purpan : La DG du CHU demande le retrait de la fresque

Début janvier, une dizaine d’internes et d’externes avait déployé une banderole pour masquer la fresque sexiste de la salle de garde de l’Hôpital Purpan (Toulouse). La directrice générale du CHU a annoncé le 8 mars dernier qu’elle demandait le retrait de la fresque.

« Ceci est du harcèlement sexuel, qu’en pensez-vous ? » Le 11 janvier 2018, un collectif d’internes et d’externes avait déployé une banderole pour masquer une fresque jugée sexiste située dans la salle de garde de l’Hôpital Purpan du CHU de Toulouse (Haute-Garonne). Comme What’s up Doc l’expliquait dans une vidéo (ci-dessous), l’action avait été de courte durée. 

Une lettre ouverte à la DG

La secrétaire de l’internat était en effet intervenue rapidement pour leur demander de retirer la banderole. « Je vais vous envoyer un mail vous rappelant vos droits et devoirs d’internes », avait-elle déclaré, selon La Dépêche du Midi. « Avec une action telle que celle-ci, on pourrait vous interdire l’accès à la cantine et vous envoyer au self du personnel. »

Mais ces internes, désormais rassemblés sous le collectif « Jeudi 11 », n’ont pas abandonné leur combat puisqu’ils* ont signé huit jours plus tard une lettre ouverte adressée à Anne Ferrer, directrice générale du CHU, et aux membres du bureau de l’internat. Dans cette missive, ils dénonçaient « les fresques représentées à l’internat de l’Hôpital Purpan et de l’Hôpital Rangueil (qui) sont une forme de harcèlement sexuel ».

« C'est l’humour carabin »

Ils confiaient également avoir « chacune et chacun déjà vécu des situations de harcèlement sexuel » : propositions sexuelles de la part de leurs supérieurs hiérarchiques, propos dégradants - « l'externe femelle » ou « ma foufoune », blagues sexistes répétées. Le collectif rappelait aussi que l’employeur a l’obligation de protéger ses salariés vis-à-vis du harcèlement sexuel.

Pour eux, la question du harcèlement sexuel à l’hôpital est souvent éludée : « Quand nous en avons parfois parlé autour de nous, nous avons trouvé peu de soutien : "c'est l’humour carabin" étant la réponse habituelle », expliquent-ils, ajoutant qu’il est difficile pour eux de s’exprimer lorsque « les auteurs de ces propos sont nos supérieurs hiérarchiques et que la validation de nos stages en dépend. »

Arrêtez tout !

Sauf que malgré les risques, le collectif ne s’est pas arrêté là. Comme le rapporte La Dépêche du Midi, il a saisi le Défenseur des Droits, en lien avec le syndicat Sud du CHU, et a pris rendez-vous pour le 15 mars avec le délégué régional de l’institution, qui a pour mission de défendre les personnes dont les droits ne sont pas respectés.

Des actions qui ont sans doute incité Anne Ferrer à réagir, puisque la directrice générale du CHU de Toulouse a décidé de faire retirer la fresque de l’Hôpital Purpan. « Nous souhaitons travailler sur cette notion de respect, faire évoluer les comportements. (…) La fresque est l'expression d'une réalité, mais il faut aller plus loin », a-t-elle déclaré, interrogée par La Dépêche du Midi.

Pas de vagues

Selon le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG), qui s’est réjoui de la nouvelle dans un communiqué, la DG aurait annoncé officiellement sa décision le jeudi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, lors d’un comité technique d’établissement (CTE). Le syndicat des jeunes MG a indiqué qu’il espérait que « le bureau de l’internat (veille) à ce qu'il n'y ait plus de fresque sexiste ».

En attendant, Anne Ferrer a échappé a une saisine du Défenseur des Droits. Rappelons que la directrice générale du CHU ne l’est que par intérim, depuis le 2 janvier dernier, date à laquelle le patron du CHU Raymond Le Moign a pris les fonctions de directeur de cabinet de la ministre de la Santé Agnès Buzyn. La numéro 2 est donc passée numéro 1. Il s’agirait de ne pas faire de vagues…

*NDLR : Ne sachant pas si le collectif est exclusivement féminin, la rédaction a choisi d’accorder les verbes à la troisième personne du pluriel, en appliquant strictement la grammaire française.

Source:

Thomas Moysan

Les gros dossiers

+ De gros dossiers