Film à thèse

Article Article

Ciné week-end: Une Merveilleuse Histoire du Temps, de James Marsh (sortie le 21/01/2015)

Film à thèse

En apparence, The Theory of Everything - titre original, comme souvent bien meilleur et intraduisible à la fois - se veut un énième biopic hollywoodien à propos d'une rockstar ès sciences. On s'y rend à reculons, tant l'événement frise - au choix - la routine ou l'overdose (The Imitation Game sort de façon presque simultanée et on se souvient encore de l'expérience masochiste que fut le visionnage d' Un homme d'exception).

Il est parfois heureux que les apparences soient trompeuses. Car Une Merveilleuse Histoire du Temps est un film à voir. Pour des raisons classiques bien sûr, que par conséquent nous n'énumèrerons pas. Mais c'est surtout parce que le film nous décrit très bien comment l'existence et l'oeuvre de Stephen Hawking, merveilleux être humain s'il en est, s'interpénètrent et s'alimentent pour tout à la fois démontrer et démonter la thèse de toute une vie. Un vrai film à thèse pour une fois!

C'est quand il apprend qu'il ne lui reste que deux ans à vivre que le jeune doctorant choisit de travailler sur le Temps. Et plus précisément de déterminer si oui ou non l'Univers a un début, et donc une fin. Plus la maladie de Charcot progresse, ses capacités physiques disparaissant une à une, plus la vivacité de son intelligence semble s'expandre. Aux arguments scientifiques intelligemment vulgarisés - comment les univers croissent ou décroissent - répond l'exemple d'une vie. On perçoit la notion d'infini, celui de l'amour au commencement du film, celui de l'intelligence ensuite, enfin celui de la liberté, qui ne semble être possible qu'une fois que l'on s'affranchit de toutes les contraintes que notre corps physique et social nous impose. Et alors que l'on pense que les univers s'éteignent, un changement de perspective permet un retournement de la thèse initiale: l'amour vrai semble pouvoir persister même si c'est sous une forme différente; le corps peut survivre à tout tant qu'une poignée de neurones moteurs supporte l'intelligence; et la notion du Temps prend un tour élastique et imprévisible, à l'exemple de cet homme à qui l'on ne donnait que deux ans et qui s'évertue à vivre...merveilleusement.

Source:

Guillaume de la Chapelle

Les gros dossiers

+ De gros dossiers