Exemple pastiche d’une homophobie médicale ordinaire

Article Article

En direct d’un service hospitalier, quelques faits et gestes coutumiers d’une attitude tout-À-fait caractéristique d’un esprit grand ouvert sur les homos… ou pas !

Exemple pastiche d’une homophobie médicale ordinaire

Acte 1 : Visite matinale avec le patron
« Homophobe, moi ? Non !…
Franchement, Martin, vous savez les patients, tout comme les médecins, ont su évoluer avec leur temps quand même. J’sais pas pour vous, mais pour la grande majorité d’entre nous, c’est sûr.
Et, en ce qui me concerne d’ailleurs, font c’qu’y veulent. Tu vois mon p’tit gars, moi j’suis du genre ouvert. Tiens, la preuve mon coiffeur est pédé… et j’ai pas changé pour autant. Bon vous me direz, sont tous comme ça, maintenant. C’est pas le meilleur exemple, mais quand même ! J’suis pas mal à l’aise parce qu’y m’tripote les cheveux, moi. C’est bien une preuve, ça, non ? »

Acte 2 : En retard au bloc
« Désolé pour le retard. Mais, faut dire qu’entre la folle de la mairie et la Gay Pride, ça devient sportif de rouler dans Paris ! Avec tous ces vicieux, pas évident de faire son boulot.
Et n’me regardez pas avec ces yeux-là, Martin, savez bien c’que j’pense ! On n’peut plus rien dire aujourd’hui, c’est fou, ça ! Suffit d’être descriptif pour être de suite étiqueté homophobe !
Enfin, faut appeler un chat, un chat. C’est pas parce qu’on est contre le mariage gay, ou pire encore, l’adoption par un couple homo, qu’on les déteste tous. Non, pas forcément. Si la nature n’leur a pas donné d’utérus, c’est quand même pas à la mairie de le faire ! »

Acte 3 : Sur les pas de l’internat
« Comment donc, Martin… pédé ? C’est impossible, je l’connais quand même ! Et puis, c’est mon interne, il pourrait pas faire ça. Et qu’est-ce qui vous fait penser ça ? Mélanie l’a vu embrasser un type en boîte gay samedi soir ? Ah… Mais c’était lui ? Ah… bon là évidemment…
Non, c’est pas que ça me choque, c’est pas une tare… après tout.
Mais quand même, c’est mon interne, il aurait pu me demander ! »

Acte 4 : De retour au bloc
« Allez Martin, poussez ! Elle nous fait ch… cette broche. M’enfin, veut pas sortir ! Tirez maintenant Martin, mais tirez donc ! Ça vous connaît ça, on m’a dit, allez tirez un bon coup. Et pas comme une fiotte c’te fois, comme un homme, Martin ! Tirez ! »

Acte 5 : Aux vestiaires
« Alors mon p’tit Martin, comment ça va ? Pas trop crevé ? Au fait, pour la dernière fois, vous savez, sur la Gay Pride, les homos… enfin, tout ça quoi… Faut pas l’prendre au pied de la lettre, hein ?
Savez bien que j’disais pas ça pour vous. J’parlais des vraies... Des tantes, quoi. Vous, c’est pas pareil. C’est un état de fait. C'est tout. Vous pourrez peut-être même changer encore, Martin, non ?
Euh… par contre mon p’tit Martin… Ça vous ennuie pas de sortir quand j’me change ? Merci. »

Acte 6 : Contre-visite avec les internes
« Un p’tit café ? V’nez, je vous emmène aux machines. Expresso ? Ouh là ! Visez-moi c’te nouvelle infirmière qui passe. Attention, les mecs, pas de vague avec le personnel, hein ?
Je vois bien qu’elle vous a tapé dans l’oeil. Un joli p’tit lot qui vient d’arriver chez nous, ça.

Attention les gars, y’a Martin qui se ramène, on serre les fesses !
« Salut les gars. Ça parle de quoi ? »
Oh, rien d’intéressant. Rien qui vous concerne, mon p’tit Martin, en tout cas. »

Épilogue
Ah, mon p’tit Martin… Faut que j’vous présente un journaliste qui cherche des témoignages sur l’homosexualité à l’hôpital ! Vous tombez à pic ! Racontez-lui donc comment on vous z’a pas stigmatisé ici ! M’sieur le journaliste, je vous z’assure, l’homophobie, ça doit bien exister, mais alors, dans mon service sûrement pas ! N’est-ce pas Martin ?

Les gros dossiers

+ De gros dossiers