
© Panzi Fondation / allociné
« L’homme qui répare les femmes ». Voilà comment est surnommé le médecin qui a passé sa vie à dénoncer l’utilisation du viol comme arme de guerre en République démocratique du Congo.
Gynécologue obstétrique de 70 ans, Denis Mukwege a pris en charge pendant plus de vingt ans des dizaines de milliers de victimes de violences et mutilations sexuelles, épaulé par le chirurgien laparoscopique belge Guy-Bernard Cadière.
« Certaines sont devenues infirmières pour aider d'autres femmes », explique-t-il aujourd'hui dans une interview accordée à Paris Match. « L'une d'elles, arrivée à l'hôpital dans un état catastrophique, après que le dernier de ses sept violeurs a tiré à bout pourtant dans son appareil génital, est devenue anesthésiste (...). Elle voulait à son tour soulager la douleur des autres femmes ».
L'engagement du Dr Mukwege, mené depuis l’hôpital de Panzi qu'il a lui-même fondé à Bukavu (est du pays), lui a notamment valu le prix Nobel de la paix en 2018.
Mais le problème est malheureusement toujours d'actualité. « Ceux qui emploient cette arme peu coûteuse aux conséquences dévastatrices la perfectionnent chaque année, recourant à des méthodes de plus en plus violentes », continue-t-il pour Paris Match.
Le film Muganga, réalisé par Marie-Hélène Roux, s’inspire de la vie et de l'action du gynécologue. Il sortira au cinéma le 25 septembre 2025 et mettra en scène l’acteur ivoirien Isaach de Bankolé dans le rôle du médecin.
Formé en France
Formé en médecine à l’université du Burundi, Denis Mukwege se spécialise en gynécologie-obstétrique à Angers, comme il nous le racontait dans une interview en 2018. Une fois diplômé, il retourne au Congo pour fonder, en 1999, l’hôpital de Panzi.
Aujourd’hui, il ne travaille plus à Panzi pour des raisons de sécurité, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ayant pris le contrôle de Goma, située un peu plus au nord, du début de l'année.
En attendant son retour qu'il espère prochain, « l’équipe très compétente que j’ai formée continue à travailler dur », dit-il à Paris Match. « Je lui parle plusieurs fois par jour, je la coache à distance ».
En 2023, Denis Mukwege s’était présenté à la présidentielle en RDC mais n’avait recueilli que 0,2% des voix.
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