Dr Agnès Ricard-Hibon : « A cause de la canicule, aux urgences, on a déjà eu des coups de chaleur et des patients envoyés en réanimation »

Article Article

Alerte rouge sur Paris et le centre, avec la canicule, les services d'urgences s'apprêtent à devoir traiter malaises, décompensations de personnes déjà malades, et les redoutables coups de chaleur, qui peuvent engager le pronostic vital. Etat des lieux avec Agnès Ricard-Hibon, médecin urgentiste dans le Val-d'Oise et porte-parole du syndicat Samu Urgences de France.

Dr Agnès Ricard-Hibon : « A cause de la canicule, aux urgences, on a déjà eu des coups de chaleur et des patients envoyés en réanimation »

© Midjourney x What's up Doc

A quoi peut-on s'attendre dans les services d'urgences avec la canicule ?

Agnès Ricard-Hibon : À beaucoup de malaises simples, mais aussi à des décompensations de pathologies chroniques et des coups de chaleur.

Ces coups de chaleur ne touchent pas que les personnes âgées ou les enfants, mais aussi les jeunes sportifs ou des personnels exposés à la chaleur, comme dans le BTP, les personnes qui travaillent près de fours.... Et ils comportent un risque vital.

Que se passe-t-il lors d'un coup de chaleur ?

A RH. Un dépassement des capacités de régulation de la température corporelle, qui finit par atteindre les organes vitaux que sont le foie, le rein, le cœur, le cerveau.

L'un des signes précoces, c'est la confusion, en plus de la température élevée. Et ensuite, il y a un cercle vicieux avec une atteinte de la coagulation.

Quand ce cercle vicieux est engagé, ce sont des pathologies difficiles à soigner.

La difficulté, c'est de différencier le malaise simple du malaise grave. C'est pour cela qu'il faut appeler le 15, qui fait cette différence.

En cas d'urgence vitale, on envoie les véhicules du Samu pour une prise en charge précoce dès le domicile.

Mais pour le coup de chaleur, c'est vraiment la prévention qui est à privilégier.

Depuis le début de cette canicule, avez-vous déjà observé des phénomènes d'afflux aux urgences ?

A RH. On a déjà observé des afflux d'appels au 15 et des afflux de patients aux Urgences, beaucoup de malaises sans gravité. On a déjà eu des coups de chaleur et des patients envoyés en réanimation, plutôt des jeunes sportifs qui ont fait leur footing en plein cagnard.

Mais jusqu'à maintenant, la température baissait souvent la nuit. Donc, ce n'était pas tout à fait la définition de la canicule.

Là, effectivement, on va avoir au moins quatre jours où la température ne baisse pas la nuit. Et donc, les effets, on va commencer à les voir. Beaucoup de malaises, dans les écoles, sur les lieux de travail, les restaurants... et après les vraies décompensations de pathologies chroniques.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/canicule-et-coup-de-chaleur-un-reel-risque-de-mourir-de-chaud-pourtant-trop-meconnu

Est-ce que vous vous attendez à un phénomène massif, comme lors d'une épidémie de grippe par exemple ?

A RH. En fait, ça dépend de la durée qu'aura la canicule. Depuis le développement de mesures de prévention, comme les salles climatisées dans les Ehpad, on a quand même moins de patients qu'avant.

La grippe, c'est beaucoup plus fort en termes d'afflux aux urgences parce que ça dure plus longtemps, et qu'on a moins de mesures de prévention pour les gens qui ne sont pas vaccinés.

Donc si la canicule ne dure que trois jours, ça va. Si ça dure plus longtemps, oui, on risque d'être obligés de déclencher des plans "hôpital en tension".

Et malgré toutes les mesures de prévention et les efforts de soin, on aura des pathologies chroniques qui décompenseront. On peut craindre une surmortalité si la canicule se prolonge.

Avec AFP

Aucun commentaire

Les gros dossiers

+ De gros dossiers