Chacun cherche son moi

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Critique de "Deux moi", de Cédric Klapisch (sortie le 11 septembre 2019). 

Chacun cherche son moi

Dans une ville de solitude, deux âmes en peine essaient de comprendre leur mal. Et si la modernité empêchait la découverte de soi ? Avec Klapisch, la psy c'est simple. Mais c'est chiant...

Où est passé Cédric Klapisch? À la pointe de la tendance - que désormais il n'anticipe plus - il est probablement le réalisateur le plus écolo qui soit : il recycle les idées éculées et les castings comme personne. Deux moi est une sorte de hoquet, de bégaiement de sa filmographie, un film qui voudrait concilier l'esprit de ses débuts et sa veine people. Un medley où le casting de Chacun cherche son chat se mêle à celui de Dix pour cent, en somme.

Le film ne raconte rien ou si peu, mais se voudrait le reflet de ce grand tout et de ce grand n'importe quoi que constitue l'époque. En mode tendre et inoffensif, comme souvent chez Klapisch, qui semble découvrir Facebook ou Happn. Il essaie surtout de faire tenir une trame malingre pendant près de deux heures - deux trentenaires voisins d'immeuble souffrent d'un mal étrange, l'une dort trop, l'autre pas assez... - en recourant à des facilités scénaristiques qui seraient probablement recalées en tant que projet de fin d'études. Et continue à croire qu'on peut travailler chez Ikea ou sur une hotline tout en logeant dans un appartement avec vue sur le Sacré-Coeur. 

Mais ce qui gêne le plus, c'est le scénario cousu de fil blanc avec lequel Klapisch habille la psyché de ses personnages. N'allez surtout pas croire que c'est la déshumanisation de l'entreprise et des réseaux sociaux qui est à l'origine de la souffrance en miroir des deux héros: chacun a son petit traumatisme bien caché, que les psys Berléand et Cottin ont vite fait de débusquer en trois coups de cuillère à pot. Jamais psychanalyse n'a été tant rapide et efficace...

Tout ceci ne serait rien si l'on ne s'ennuyait ferme devant le grand écran. Pris dans cette grisaille parisienne qui imprime la pellicule et envahit l'esprit, on guette désespérément une étincelle d'inventivité, une lumière d'évidence. Mais rien ne jaillit jamais...

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