Anesthésiste brillant, égo surdimensionné, diagnostics douteux : le portrait de Frédéric Péchier, par les médecins qui l'ont côtoyé

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Selon les praticiens qui l'ont côtoyé et qui l'ont décrit devant la cour, Frédéric Péchier est un anesthésiste « extrêmement brillant » mais à « l'ego démesuré » pouvant parfois réaliser des diagnostics « à l'emporte-pièce ». 

Anesthésiste brillant, égo surdimensionné, diagnostics douteux : le portrait de Frédéric Péchier, par les médecins qui l'ont côtoyé

© Midjourney x What's up Doc

 

Les médecins qui ont formé l'accusé au CHU de Besançon, à la fin des années 1990, ainsi qu'un co-interne, ont donné des avis divergents sur le personnage, s'accordant sur son « extrême intelligence ».

Dr Annie Boillot, ancienne cheffe de service et professeure d'anesthésie-réanimation au CHU, a décrit devant la cour « un garçon efficace, fiable et consciencieux ». Elle se souvient d'un interne « calme et pragmatique, très organisé, soucieux de ses patients », avec lequel il « n'y a jamais eu de problèmes ».

Une autre formatrice, Dr Pascale François, a brossé un portrait beaucoup plus négatif. « Quand Frédéric Péchier est arrivé, j'ai tout de suite remarqué (...) qu'il avait un sentiment de supériorité par rapport aux autres, il avait besoin d'être reconnu ».

« C'était un beau parleur, voire manipulateur » qui « méprisait » les autres praticiens, selon Pascale François. « Il n'écoutait pas les conseils des aînés et prétendait m'apprendre mon métier », a-t-elle dit, lui reprochant d'avoir fait « une expérimentation sur un patient » en utilisant des produits de façon « inhabituelle, mais pas illégale ».

Une amputation de la jambe pour une infection pulmonaire 

Randall Schwerdorffer, l'avocat de la défense, a relativisé ces propos : « ça ne se passait pas très bien entre vous, ça arrive ».

Le Dr Smaïl Ouhdif, qui a côtoyé Frédéric Péchier au CHU, s'est souvenu de « quelqu'un d'abordable, de sympa quand on allait dans son sens » : « il travaillait bien », mais il « pouvait faire des diagnostics à l'emporte-pièce ».

Il a évoqué le cas d'un adolescent de 16 ans qui avait de la fièvre après un accident de la route. Présumant une infection de la jambe, Frédéric Péchier voulait l'amputer, selon le Dr Ouhdif, qui a été chercher la cheffe de service pour obtenir davantage d'examens. Ceux-ci ont révélé une infection pulmonaire et le patient n'a pas été amputé.

Le Dr Péchier « a une très bonne pratique, il était très respecté », mais il a « un ego démesuré », a estimé pour sa part une ancienne collègue à la clinique Saint-Vincent, où la plupart des empoisonnements ont eu lieu.

Toujours dans le cadre des débats consacrés à la personnalité de l'accusé, la cour s'est par ailleurs intéressée hier après-midi à une anecdote relative à une « falsification de cartes de golf » passée

L'ancien président du club de golf où jouait le Dr Péchier, a raconté à la barre comment celui-ci avait triché en réécrivant ses scores lors d'une anodine compétition, en juin 2011. Le joueur, confondu par les autres golfeurs, avait « nié en bloc » et « rejeté la faute sur la secrétaire qui compilait les résultats », selon lui.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/affaire-pechier-javais-lintime-espoir-quil-fasse-des-aveux-mais-je-pense-quil-sest-enferme

« Accusé, Frédéric Péchier était dans le déni total ? », l'a interrogé Me Ariel Lorach, une des avocates de parties civiles. « Absolument », a répondu Jean-Louis Bloch, le président du club en question. 

Avec AFP

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