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Ces deux soignantes étaient en poste à la clinique Saint-Vincent à l'été 2012, au moment où l'établissement a dû faire face, en l'espace de quelques semaines, à deux hémorragies massives sur des patients, dues à des injections inexpliquées d'héparine, un anticoagulant.
Ces cas font aujourd’hui partie des 30 empoisonnements présumés, dont 12 mortels, survenus entre 2008 et 2017, que l’accusation impute à Frédéric Péchier.
Les deux patients ont été sauvés, grâce à un antidote et une transfusion. Pour chacun, l'infirmière de nuit qui les avait pris en charge quelques heures avant l'opération a été soupçonnée a posteriori de leur avoir injecté de l'héparine par erreur. Une accusation qui a eu de lourdes conséquences, à long terme, pour les deux professionnelles.
Carelle était en poste à la clinique Saint-Vincent à l’été 2012, au moment où l’établissement a dû faire face, en l’espace de quelques semaines, à deux hémorragies massives sur des patients, dues à des injections inexpliquées d’héparine, un anticoagulant.
« Mes collègues ne me faisaient plus confiance », a raconté à la barre Marie-Christine T., « en colère » car cette affaire lui a « pourri» sa fin de carrière.
« Quand on faisait des relèves, on me disait : Tu sauras faire ça, ça ne sera pas trop pour toi ? », a ajouté la soignante, qui a été arrêtée six mois pour dépression et souffre encore de crises d'angoisse. Elle a dû attendre six ans après les faits pour qu'un policier lui confirme qu'elle était « lavée de tout soupçon ». « Ca m'a transformée ».
Plus de chirurgie et une dépression de deux ans
À la barre de la cour d’assises, l'autre infirmière Carelle T. a raconté avec émotion et colère qu’à cause de ces soupçons elle avait arrêté de travailler en chirurgie et souffert de dépression pendant deux ans. Au final, a-t-elle résumé, c’est seulement plusieurs années plus tard, au moment des premières investigations judiciaires, qu’elle a été « innocentée » par la police, qui a exploité la piste d’un acte malveillant.
Cette piste, Carelle dit pourtant en avoir parlé à ses supérieurs dès septembre 2012, après la deuxième hémorragie. « Vous avez un fou au bloc qui injecte vos patients ! », avait-elle lancé à un anesthésiste, selon son récit.
« J’avais entière confiance en lui »
Pourtant, « on ne m’a pas crue », se désole la témoin, précisant même que ce médecin, face à ses avertissements, était « mort de rire ».
La présidente rappelle à l’infirmière que, devant les policiers en 2018, elle avait dit de Frédéric Péchier : « Lui aussi, on l’accuse alors qu’il n’a rien fait ».
« Je n’accepterai jamais sa culpabilité », confirme-t-elle à la barre. « Un médecin, c’est inimaginable qu’il fasse ça… Il avait entière confiance en moi, j’avais entière confiance en lui ».
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Une autre soignante, infirmière anesthésiste, a en revanche lourdement chargé l'accusé. « Je m'adressais toujours à M. Péchier parce qu'il était toujours zen. Mais après, j'ai réalisé pendant l'enquête qu'en fait, il nous manipulait. C'est cruel, monstrueux et diabolique ».
Frédéric Péchier, qui clame son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre, au terme d’un procès de trois mois et demi.
Avec AFP
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