
L'opératrice sera jugée le 4 juillet prochain "pour s'être abstenue volontairement de porter secours à Madame Musenga", a expliqué le parquet à l'AFP. Le juge d'instruction a par ailleurs décidé d'un non-lieu pour les charges d'homicide involontaire.
Mère d'un enfant de 18 mois, Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 à l'hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec "un retard global de près de 02h20", selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).
Selon les expertises scientifiques réalisées dans le cadre de l'enquête et citées par le parquet, il n'existe "pas de lien de causalité" entre la négligence dans la prise en charge par l'opératrice de la jeune femme et le décès de cette dernière.
Naomi Musenga se trouvait "déjà au-delà de toute ressource thérapeutique au moment de l'appel" au Samu selon les experts, précise le parquet.
Il est reproché à l'opératrice de "ne pas avoir respecté les protocoles" de prise en charge "et les bonnes pratiques" du Samu.
Une « chaine de responsabilité » non « pointée »
"On est soulagé qu'il y ait une date, qu'il y ait une possible condamnation", a réagi auprès de l'AFP Louange Musenga, la sœur de la victime. "Nous attendons cela, parce qu'il faut que nous passions à autre chose. Depuis plusieurs années, je n'ai pas eu de vie correcte, je ne pensais qu'à ça tout le temps".
Elle a cependant regretté que l'opératrice soit la seule personne à être renvoyée devant un tribunal. "Il y a toute une chaîne de responsabilité qui n'a pas été pointée", a-t-elle estimé. "Vous pouvez regarder le rapport de l'Igas, il soulève vraiment les dysfonctionnements graves qu'il y avait au niveau de l'hôpital".
Avocat de l'opératrice, Olivier Grimaldi a également regretté qu'aucune instance ne soit poursuivie.
"Vu l'état psychologique de cette dame, on ne peut qu'être surpris qu'elle soit la seule mise en cause dans ce dossier", a-t-il réagi auprès de l'AFP. "Dans un hôpital, il y a une chaîne de responsabilité. Beaucoup auraient dû faire face à leurs responsabilités, ne pas laisser une agente de catégorie C toute seule face aux faits qui se sont déroulés".
Lors du procès, "on va essayer d'expliquer que la non-assistance n'est pas caractérisée", a-t-il ajouté.
Bataille d'expertises
Après la mort de Naomi Musenga, une première expertise, dénoncée par sa famille, avait conclu à un décès consécutif à une "intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours".
Mais une deuxième expertise avait réfuté ces conclusions, évoquant un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie.
L'avocat de la famille, Jean-Christophe Coubris, avait indiqué en janvier avoir demandé une troisième expertise, qui lui avait été refusée.
Le décès de Naomi Musenga avait soulevé une vague d'indignation nationale après la diffusion, quelques mois plus tard dans les médias et sur les réseaux sociaux, de ses échanges avec l'opératrice.
"J'ai très mal au ventre", "Je vais mourir...", soufflait Naomi, peinant à s'exprimer. "Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde", rétorquait la régulatrice, qui a été suspendue et ne travaille plus au CHU, selon Me Coubris.
Naomi avait parlé successivement à la police, aux pompiers et au Samu avant d'être redirigée vers SOS Médecins.
L'affaire avait poussé le patron du Samu de Strasbourg à démissionner. La ministre de la Santé de l'époque, Agnès Buzyn, avait mis en place une formation spécifique obligatoire d'un an pour les assistants de régulation médicale.
Avec AFP
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