Accès aux soins : 75 % des Francais ont déjà renoncé

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Accès aux soins : 75 % des Francais ont déjà renoncé

Trois Français sur quatre déclarent avoir déjà renoncé au moins une fois aux soins, ou différé une visite chez le médecin, d’après une enquête de la Fondation April en partenariat avec BVA. Le taux monte à 88 % chez les 18-24 ans et les étudiants ! Et ce n’est pas à cause du reste à charge.

Si la qualité d’un système de santé reposait uniquement sur le taux de renoncement aux soins, la France ferait sans doute partie des mal classés. Une enquête menée l’institut BVA pour la Fondation April, réalisée du 13 au 16 mars auprès de 1 001 personnes, suggère en effet que trois Français sur quatre ont, au moins une fois, différé le recours aux soins, ou y ont renoncé. Plus d’un tiers estiment qu’il est difficile d’avoir accès à des soins médicaux et à des professionnels de santé.

Le chiffre est à mettre en parallèle avec ceux de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) parus en mars 2018, portant sur plus de 40 000 personnes, et qui relèvent de leur côté 22,4 % d’assurés qui ont renoncé aux soins au cours des 12 derniers mois.

Pas le temps !

Les chiffres diffèrent car les méthodes et les questions posées ne sont pas les mêmes, mais sont tous deux révélatrices de la difficulté que ressentent de nombreux Français à se soigner. Le sondage BVA suggère également que les zones à faible démographie sont celles où le recours aux soins médicaux est le plus compliqué : Normandie, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté en tête. Dans ces trois régions, environ une personne sur deux ressent cette difficulté.

Mais l’information la plus intéressante est peut-être la raison principale invoquée par les sondés pour expliquer leur renoncement. Ce n’est pas le manque de moyens financiers, ni même la distance des professionnels de santé, qui ne sont cités respectivement qu’en cinquième et sixième positions. Le point noir, c’est le délai d’attente avant un rendez-vous, notamment dans les zones rurales.

Autre résultat marquant : le renoncement à une visite chez le généraliste arrive en tête du classement par type de consultation, à égalité avec les dentistes (pour lesquels, cette fois, c'est souvent au niveau des finances que le bât blesse). Elle est même en tête, seule et de loin, chez les étudiants.

Désert médical ?

Nous avons tendance à nous représenter un désert médical par un manque géographique de médecins, qui enclave des zones peu peuplées. Mais « 98 % de la population réside à moins de 10 minutes de route d’un médecin généraliste », et « les disparités départementales de peuplement médical sont aujourd’hui d’un niveau semblable – voire légèrement inférieur – à celui des années 1980 », rappelle un rapport de la Drees datant de mai 2017. Pas tellement de désertification sur ce critère, donc.

« On peut s’attendre, tant chez les généralistes que chez les spécialistes, à une diminution des effectifs libéraux dans les prochaines années », poursuit le rapport de la Drees. Mises ensemble, ces affirmations ont tendance à valider les demandes des syndicats de médecins libéraux : face aux départs en retraite à venir d’une génération de médecins libéraux, il va falloir trouver des remplaçants, notamment dans les zones rurales. Mais l’accent doit peut-être mis sur le gain de temps médical pour les médecins en exercice. La délégation de certaines tâches médicales et administratives sont bien d’actualité.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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