© Midjourney x What's up Doc
Un constat alarmant : les difficultés d'accès aux soins sont désormais ressenties dans tous les territoires
Les chiffres du sondage réalisé par What's up Doc pour Santéclair sont sans appel : 67 % des médecins interrogés observent des difficultés d'accès aux soins de plus en plus fréquentes dans leur zone d'exercice.
Seuls 1,5 % estiment qu'il n'y a aucun problème, tandis que 13 % parlent carrément de "désert médical complet". Cette situation critique transcende les frontières géographiques : 72 % des praticiens constatent des différences marquées dans l'accès aux soins selon les territoires, y compris au sein d'un même département.
Le triptyque des causes identifiées est éloquent. Les délais d'attente arrivent en tête des préoccupations pour 78 % des répondants, suivis à égalité par le manque de médecins qu’ils soient généralistes ou spécialistes, chacun étant pointé par 63 % des médecins ayant répondu à l’enquête.
Cela souligne que les difficultés de recours aux professions médicales sont une réalité tout au long du parcours de soins, du premier recours jusqu'à la prise en charge plus spécifique.
Les solutions numériques : un potentiel reconnu mais encore sous-exploité
Paradoxalement, alors que le diagnostic est largement partagé, les solutions restent peu adoptées. Seuls 38 % des médecins utilisent déjà certains services numériques dans leur pratique ou auprès de leurs patients, contre 53,6 % qui n'y ont pas encore recours.
Et 82 % des praticiens ne connaissent pas le concept de "contrat santé augmenté", c’est-à-dire le fait que de nombreuses complémentaires santé proposent des services additionnels à leurs assurés qui sont inclus dans les contrats au-delà du simple remboursement des soins pour en faciliter l’accès d’un point de vue qui ne soit pas seulement financier.
Pourtant, lorsqu'on interroge les médecins sur l'utilité potentielle de ces outils, les résultats montrent une reconnaissance certaine de leur valeur. En tête des services jugés par les médecins comme les plus utiles pour améliorer l'accès aux soins de leurs patients, on trouve les réseaux de professionnels de santé conventionnés à proximité qui sont plébiscités par 74,7 % des répondants… mais dont il faut rappeler qu’ils sont légalement réservés à quelques domaines dont en particulier le dentaire, l’optique et l’audio en excluant le médical.
Les programmes de prévention et de dépistage présentent un intérêt au regard de 53,7 % des médecins interrogés, tandis que la téléconsultation disponible 24h/24 et 7j/7 ne convainc que 22,6 % d'entre eux.
Moins reconnu encore dans son utilité, le symptôme checker, outil permettant d’optimiser la première orientation initiale du patient dans le système de soins, en évitant à la fois la sur sollicitation des médecins et le risque de perte de chance en cas de problème spontanément sous-évalué dans sa gravité, n’est cité que par 17,9 % des praticiens.
Entre scepticisme et pragmatisme : un corps médical en quête de garanties
L'attitude des médecins vis-à-vis de l'implication des complémentaires santé dans l'accès aux soins révèle une certaine méfiance. Seuls 21 % se déclarent favorables ou très favorables à ce que les mutuelles proposent des services additionnels pour faciliter l'accès aux soins, contre 58 % qui y sont peu favorables ou pas favorables du tout.
Ce décalage entre le constat quasi unanime de difficultés d'accès et la réticence à voir les complémentaires intervenir pour participer aux réponses à mettre en place souligne une position de principe en porte à faux avec les réalités de terrain, alors même que ces services visent précisément à répondre aux difficultés vécues par les assurés.
Néanmoins, une nuance générationnelle apparaît : chez les médecins de moins de 49 ans, la proportion de praticiens favorables monte à 24 %, suggérant une amélioration à venir pour les jeunes générations. De même, 34,1 % des répondants souhaitent, de façon certaine (8,6 %) ou conditionnelle (25,5 %), que ces services soient directement intégrés dans les contrats de complémentaire santé.
Quant à l'efficacité attendue de ces solutions numériques pour réduire les inégalités territoriales, les médecins adoptent une position pragmatique : si seuls 4 % jugent ces services "très efficaces", 61 % estiment que "c'est mieux que rien". Dans leur esprit ces services ne pourraient être que des palliatifs, alors qu’ils sont en réalité des outils supplémentaires susceptibles d’améliorer réellement les parcours.
Une urgence qui ne souffre plus l'attente
Les données de ce sondage dessinent un paysage contrasté mais porteur d'enseignements essentiels.
D'un côté, un système de santé sous tension où les difficultés d'accès ne cessent de s'aggraver, touchant désormais la quasi-totalité des territoires. De l'autre, des solutions numériques existantes et opérationnelles, mais encore largement méconnues et sous-utilisées par le corps médical.
L'expérience concrète du recours à ces services, que ce soit par les médecins eux-mêmes ou via leurs patients, sera déterminante pour faire évoluer les perceptions. Face à l'ampleur des difficultés constatées par 67 % des praticiens, les solutions numériques ne peuvent plus être considérées comme secondaires ou négligeables car à priori de moindre qualité. Elles représentent des leviers concrets et immédiats pour améliorer l'accès aux soins, en complément et en accompagnement indispensable des réformes structurelles du système de santé dont elles font partie.
La question n'est plus de savoir si ces outils ont leur place dans le parcours de soins, mais comment accélérer leur adoption et leur intégration harmonieuse et systématisée dans la pratique médicale quotidienne.