Benoît Brouard, pharmacien à la conquête de demain

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Il est 18h passé. Baignés de néons rappelant l’heure tardive, les couloirs de Station F se vident peu à peu. À l’instar de quelques startupers qui s’acharnent encore sur leur clavier pourtant, le CEO de WeFight, lunettes sur le bout du nez et épaules droites, est encore bien loin de penser à rentrer chez lui. « WeFight est l’entreprise qui a développé Vik, un compagnon virtuel pour les patients atteints de cancers et de maladies chroniques », détaille Benoît Brouard, pull siglé au nom de son application sur le dos.

De professionnel de santé à entrepreneur, il n’y a qu’une idée 

C’est il y a un peu plus de cinq ans que cette idée effleure pour la première fois l’esprit de ce futur entrepreneur. Alors interne dans les pharmacies hospitalières de l’AP-HP, ce fils d’enseignants s’éprend rapidement pour l’éducation thérapeutique du patient (ETP). « J’aime beaucoup l’éducation de manière générale, débute-t-il. Et donner des compétences aux patients pour leur permettre de mieux gérer leur vie avec une maladie chronique m’intéressait beaucoup, notamment pour améliorer la prise en charge », se remémore-t-il. Un intérêt prépondérant que Benoît Brouard ne tarde pas à transformer en expérience. « En y participant, je me suis rendu compte que ces séances étaient assez lourdes et pas assez structurées pour le patient », livre-t-il. Et d’ajouter : « Les patients n’ont pas forcément envie de rencontrer d’autres patients. Et ils n’ont certainement pas envie de suivre des cours à l’hôpital ».

 

 

 

 

« Je tenais une idée intéressante qui méritait d’être poussée » 

Une conviction, renforcée à chaque séance organisée, entre professionnels et patients, qui avoisine bientôt l’obsession. « Ça me trottait dans la tête, je voulais trouver une solution à ce problème », se remémore le trentenaire. Passionné par les nouvelles technologies, celui qui n’a pas hésité à créer une entreprise d’applications de santé pour smartphone en parallèle de son internat décide alors de tout quitter. « Je n’ai pas vraiment quitté mon métier de pharmacien pour créer WeFight », précise celui qui a alors rejoint Wethings, une entreprise tech en santé. « J’étais chef de produit médical là-bas. Et j’ai démissionné parce que je pensais que je tenais une idée intéressante qui méritait d’être poussée ».

Vik, ou comment optimiser l’éducation thérapeutique 

En mars 2017, une rencontre permet à celui qui a déjà mis sur pied une preuve de concept, soit une démonstration de faisabilité, de structurer son ambition. « Lors d’un congrès de pharmaciens, j’ai rencontré la présidente de l’association Patients en Réseau, se souvient-t-il. Elle avait fondé un réseau social pour les patientes atteintes du cancer du sein ». Le problème identifié par Laure Gerroult-Accolas ? Les patientes inscrites étaient uniquement celles qui se sentaient prêtes à en parler. « Vik étant un robot incapable de préjugés, nous nous sommes rendus compte de la pertinence de cette solution pour le cancer du sein », confie Benoît Brouard. Une pathologie inscrite au cahier des charges de son application qui sera bientôt rejointe par toute une gamme. « Il existe 9 versions de Vik. Cancer du poumon, cancer des ovaires, dermatite atopique, myélome multiple, dépression, migraine, asthme, ou encore sexo », énumère son fondateur.

« Le but de Vik n’est pas de remplacer les médecins »

Un travail d’envergure qui se base sur la participation des patients. « Pour développer l’algorithme, nous demandons aux patients d’envoyer toutes leurs questions via l’application », confie Benoît Brouard. Mais également sur celles de professionnels du monde médical. « Cette base de données de réponses est créée à la main par nos chefs de produits qui sont tous des professionnels de santé », confie l’ancien pharmacien, qui ajoute qu’ils se basent sur « les recommandations nationales », les connaissances de « médecins spécialistes » ou encore des « associations de patients ». Un savant mélange d’expertises qui permet à Vik de s’assurer de la qualité scientifique de ses réponses, tout autant que de manier « langage patient ». « Le but de Vik n’est pas de remplacer les médecins, détaille Benoît Brouard. L’application va répondre à de nombreuses questions sur la maladie, la qualité de vie ou encore l’administration et l’environnement ». En somme, des questions ayant attraits au « savoir-patient ». « Les médecins n’ont pas toujours de temps à consacrer à ce type de questions-là. Grâce à Vik, ils peuvent se concentrer uniquement sur les questions médicales et pointues ».

 

 

 

 

 

 

 

Innover, c’est bien. Continuer à innover, c’est mieux

Une vocation d’accompagnement thérapeutique à portée de main que ce touche-à-tout rêve désormais de voir évoluer. Au programme ? Le lancement, dans les prochaines semaines, d’une fonctionnalité capable d’améliorer l’observance des traitements. « Actuellement, Vik est capable de rappeler au patient quand prendre son traitement, détaille le CEO. Mais, nous souhaitons aller plus loin en facilitant le suivi d’un protocole spécifique fait d’augmentations et de baisses de doses ». Un travail d’accompagnement quotidien que le patient pourra bientôt partager avec son professionnel de santé hospitalier. « À partir de septembre 2021, nous allons également lancer un dashboard à destination des professionnels de santé hospitaliers », détaille Benoît Brouard. L’idée ? Faciliter le suivi à distance des patients. Outre transmettre le taux d’observance et les effets secondaires recensés par le patient, cette fonctionnalité de Vik sera chargée de détecter les signaux faibles. « La première version que nous sommes en train de développer concerne l’asthme », détaille Benoît Brouard qui souligne que ce travail est effectué en collaboration avec le Pr Arnaud Bourdin, pneumologue au CHRU de Montpellier. « En fonction des signaux conversationnels qui auront été détectés, l’application pourra ainsi inciter le patient à se rendre chez son médecin ou alerter son professionnel de santé hospitalier », poursuit Benoît Brouard. Autre intérêt de ce dashboard : « Les professionnels de santé vont pouvoir partager du contenu thérapeutique qu’ils auraient créé au sein de leur service. »

« Notre objectif pour 2021 est de nous développer à l’international »

Améliorer l’observance des traitements, faciliter le suivi à distance des patients… mais également soutenir la recherche ! « De nombreux utilisateurs nous ont demandé un accès facilité aux essais cliniques », livre Benoît Brouard. Une demande que le jeune entrepreneur s’échine depuis à réaliser. « On a mis en place une fonctionnalité pour renseigner les patients sur l’intérêt d’un essai clinique, détaille le trentenaire. Et l’étape d’après, ça va être de se connecter au centre investigateur pour pousser directement les patients vers le bon centre ». Un ensemble de fonctionnalités prometteuses que cet innovateur espère voir bientôt rayonner au-delà des frontières. « Notre objectif pour 2021 est de nous développer à l’international », livre Benoît Brouard. Dans son viseur ? L’Amérique latine et les États-Unis. 

Cet article a été accéléré par Havas Health &You

Il est 18h passé. Baignés de néons rappelant l’heure tardive, les couloirs de Station F se vident peu à peu. À l’instar de quelques startupers qui s’acharnent encore sur leur clavier pourtant, le CEO de WeFight, lunettes sur le bout du nez et épaules droites, est encore bien loin de penser à rentrer chez lui. « WeFight est l’entreprise qui a développé Vik, un compagnon virtuel pour les patients atteints de cancers et de maladies chroniques », détaille Benoît Brouard, pull siglé au nom de son application sur le dos.

De professionnel de santé à entrepreneur, il n’y a qu’une idée 

C’est il y a un peu plus de cinq ans que cette idée effleure pour la première fois l’esprit de ce futur entrepreneur. Alors interne dans les pharmacies hospitalières de l’AP-HP, ce fils d’enseignants s’éprend rapidement pour l’éducation thérapeutique du patient (ETP). « J’aime beaucoup l’éducation de manière générale, débute-t-il. Et donner des compétences aux patients pour leur permettre de mieux gérer leur vie avec une maladie chronique m’intéressait beaucoup, notamment pour améliorer la prise en charge », se remémore-t-il. Un intérêt prépondérant que Benoît Brouard ne tarde pas à transformer en expérience. « En y participant, je me suis rendu compte que ces séances étaient assez lourdes et pas assez structurées pour le patient », livre-t-il. Et d’ajouter : « Les patients n’ont pas forcément envie de rencontrer d’autres patients. Et ils n’ont certainement pas envie de suivre des cours à l’hôpital ».

 

 

 

 

« Je tenais une idée intéressante qui méritait d’être poussée » 

Une conviction, renforcée à chaque séance organisée, entre professionnels et patients, qui avoisine bientôt l’obsession. « Ça me trottait dans la tête, je voulais trouver une solution à ce problème », se remémore le trentenaire. Passionné par les nouvelles technologies, celui qui n’a pas hésité à créer une entreprise d’applications de santé pour smartphone en parallèle de son internat décide alors de tout quitter. « Je n’ai pas vraiment quitté mon métier de pharmacien pour créer WeFight », précise celui qui a alors rejoint Wethings, une entreprise tech en santé. « J’étais chef de produit médical là-bas. Et j’ai démissionné parce que je pensais que je tenais une idée intéressante qui méritait d’être poussée ».

Vik, ou comment optimiser l’éducation thérapeutique 

En mars 2017, une rencontre permet à celui qui a déjà mis sur pied une preuve de concept, soit une démonstration de faisabilité, de structurer son ambition. « Lors d’un congrès de pharmaciens, j’ai rencontré la présidente de l’association Patients en Réseau, se souvient-t-il. Elle avait fondé un réseau social pour les patientes atteintes du cancer du sein ». Le problème identifié par Laure Gerroult-Accolas ? Les patientes inscrites étaient uniquement celles qui se sentaient prêtes à en parler. « Vik étant un robot incapable de préjugés, nous nous sommes rendus compte de la pertinence de cette solution pour le cancer du sein », confie Benoît Brouard. Une pathologie inscrite au cahier des charges de son application qui sera bientôt rejointe par toute une gamme. « Il existe 9 versions de Vik. Cancer du poumon, cancer des ovaires, dermatite atopique, myélome multiple, dépression, migraine, asthme, ou encore sexo », énumère son fondateur.

« Le but de Vik n’est pas de remplacer les médecins »

Un travail d’envergure qui se base sur la participation des patients. « Pour développer l’algorithme, nous demandons aux patients d’envoyer toutes leurs questions via l’application », confie Benoît Brouard. Mais également sur celles de professionnels du monde médical. « Cette base de données de réponses est créée à la main par nos chefs de produits qui sont tous des professionnels de santé », confie l’ancien pharmacien, qui ajoute qu’ils se basent sur « les recommandations nationales », les connaissances de « médecins spécialistes » ou encore des « associations de patients ». Un savant mélange d’expertises qui permet à Vik de s’assurer de la qualité scientifique de ses réponses, tout autant que de manier « langage patient ». « Le but de Vik n’est pas de remplacer les médecins, détaille Benoît Brouard. L’application va répondre à de nombreuses questions sur la maladie, la qualité de vie ou encore l’administration et l’environnement ». En somme, des questions ayant attraits au « savoir-patient ». « Les médecins n’ont pas toujours de temps à consacrer à ce type de questions-là. Grâce à Vik, ils peuvent se concentrer uniquement sur les questions médicales et pointues ».

 

 

 

 

 

 

 

Innover, c’est bien. Continuer à innover, c’est mieux

Une vocation d’accompagnement thérapeutique à portée de main que ce touche-à-tout rêve désormais de voir évoluer. Au programme ? Le lancement, dans les prochaines semaines, d’une fonctionnalité capable d’améliorer l’observance des traitements. « Actuellement, Vik est capable de rappeler au patient quand prendre son traitement, détaille le CEO. Mais, nous souhaitons aller plus loin en facilitant le suivi d’un protocole spécifique fait d’augmentations et de baisses de doses ». Un travail d’accompagnement quotidien que le patient pourra bientôt partager avec son professionnel de santé hospitalier. « À partir de septembre 2021, nous allons également lancer un dashboard à destination des professionnels de santé hospitaliers », détaille Benoît Brouard. L’idée ? Faciliter le suivi à distance des patients. Outre transmettre le taux d’observance et les effets secondaires recensés par le patient, cette fonctionnalité de Vik sera chargée de détecter les signaux faibles. « La première version que nous sommes en train de développer concerne l’asthme », détaille Benoît Brouard qui souligne que ce travail est effectué en collaboration avec le Pr Arnaud Bourdin, pneumologue au CHRU de Montpellier. « En fonction des signaux conversationnels qui auront été détectés, l’application pourra ainsi inciter le patient à se rendre chez son médecin ou alerter son professionnel de santé hospitalier », poursuit Benoît Brouard. Autre intérêt de ce dashboard : « Les professionnels de santé vont pouvoir partager du contenu thérapeutique qu’ils auraient créé au sein de leur service. »

« Notre objectif pour 2021 est de nous développer à l’international »

Améliorer l’observance des traitements, faciliter le suivi à distance des patients… mais également soutenir la recherche ! « De nombreux utilisateurs nous ont demandé un accès facilité aux essais cliniques », livre Benoît Brouard. Une demande que le jeune entrepreneur s’échine depuis à réaliser. « On a mis en place une fonctionnalité pour renseigner les patients sur l’intérêt d’un essai clinique, détaille le trentenaire. Et l’étape d’après, ça va être de se connecter au centre investigateur pour pousser directement les patients vers le bon centre ». Un ensemble de fonctionnalités prometteuses que cet innovateur espère voir bientôt rayonner au-delà des frontières. « Notre objectif pour 2021 est de nous développer à l’international », livre Benoît Brouard. Dans son viseur ? L’Amérique latine et les États-Unis. 

Cet article a été accéléré par Havas Health &You

Le concept, c'est quoi ? 

Vik Sein, Vik Depression, Vik Myélome multiple, Vik Dermatite Atopique, Vik Migraine, Vik Asthme, Vik Sexo… Depuis la création de son entreprise en février 2017, le CEO de WeFight a étoffé son concept d’une ribambelle de pathologies chroniques. Son objectif ? Optimiser l’éducation thérapeutique à destination des patients.

« Vik est un assistant virtuel disponible sur iPhone et sur Androïd. Son but est de répondre à toutes les questions que les malades chroniques peuvent se poser », détaille l’entrepreneur. Au programme donc, des réponses, rédigées par des professionnels de santé, sur leur maladie, leur qualité de vie, l’administration, l’environnement ou encore leurs traitements. « Mais Vik ne donne jamais de recommandations », précise Benoît Brouard.

Et d’ajouter : « Vik n’est pas là pour remplacer les professionnels de santé. Il est là pour combler un vide. Celui que les patients peuvent ressentir lorsqu’ils sont dans un désert médical, qu’ils sont loin des centres de soin ou qu’ils n’ont pas un accès simplifié à leurs professionnels de santé ».

Portrait express 

Assis à la table d’une chatting room de Station F, le CEO de WeFight, revient de loin. « J’ai un background de pharmacien », confie-t-il. En parallèle de son internat passé à Saint Louis, La Pitié-Salpêtrière ou encore Montreuil pourtant, le pharmacien en devenir s’est découvert une nouvelle vocation. « En plus d’avoir lancé le site pharmaetudes, j’ai fondé une entreprise de création d’applications mobiles de santé », confie-t-il.

Un virage à 180° qui ne tarde pas à s’afficher sur son CV. « J’ai rejoint l’entreprise de tech en santé Wethings en 2014 en tant que chef de produit médical », se souvient-il. Un premier pas vers l’innovation en santé qui devient rapidement une course effrénée. Fort de son intérêt pour l’éducation thérapeutique, Benoît Brouard créé WeFight en février 2017.

Un partenariat de développement commercial avec Havas Health & You depuis en poche, le jeune entrepreneur, et son équipe, a rejoint les locaux de Station F. Dans son viseur pourtant, son ambition, elle, n’a pas changé : faire rayonner l’éducation thérapeutique pour améliorer la prise en charge des patients.

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