Un peu d’Ordre la toile médicale

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Interview du Dr Jacques Lucas, Conseil national de l’ordre des médecins Délégué général aux systèmes d’informations en santé

Un peu d’Ordre la toile médicale

Est-ce que le Cnom travaille sur les changements dus aux nouvelles technologies dans la pratique médicale ?
Oui, nous allons publier sous peu un livre blanc à ce sujet. Notre rôle est d’émettre des recommandations déontologiques, notamment pour prévenir les contentieux. Mais cela ne veut pas dire que notre parole est loi. L’Ordre, c’est vous, une communauté médicale non crispée sur une vision corporatiste de son exercice mais ouverte au monde, sur des valeurs éthiques.

Quelles sont vos recommandations sur la liberté d’expression dans les nouveaux espaces virtuels ?
La déontologie ne doit pas être incantatoire mais effectivement opérante dans ces nouveaux modes de communication.
Il y a les posts, les billets d’humeur qui peuvent être publiés à propos de situations réelles. L’anonymat du patient est impératif à respecter. Si un patient croit se reconnaître, il faut accéder immédiatement à sa demande de supprimer cette expression. Pour les faits divers ou événement rendu public où le médecin a été lui-même acteur, il est libre s’il veut en parler. Mais s’il exerce cette liberté, il en devient responsable et doit être prêt à en répondre, y compris devant les instances du droit commun ou disciplinaires.
Il faut toujours éviter l’ironie blessante et bien sûr exclure l’injure publique ou la diffamation qui tomberaient sous le coup du droit commun. Les réseaux sociaux ne sont pas des milieux clos. Rire de la misère des autres, quand bien même ils seraient anonymes, déconsidère la profession et n’est pas conforme à l’éthique et à la déontologie professionnelle. Il faut faire preuve de prudence, de la réserve humaniste que cela impose. Le Cnom soutient la transparence, pas l’impudeur.

À quelles évolutions pour les médecins pensez-vous ?
Je pense que les usages professionnels d’Internet, des réseaux sociaux, des TIC en santé doivent faire partie de la formation médicale initiale et continue. Lorsqu’on pose une question médicale sur le web, qu’on publie une photo ou d’autres données personnelles de santé, on est dans une situation de recherche immédiate, concrète, humaine. Recevoir des avis sur cette question est quelque chose de très positif, si la confidentialité, le secret médical sont respectés.
Je pense aussi que tout médecin devra s’engager davantage sur le web et même créer son propre site, avec non seulement une plaque virtuelle donnant ses qualifications professionnelles, mais aussi des informations en santé qui peuvent compléter son devoir d’information particulière pour chaque patient, au besoin avec des liens vers des sociétés savantes ou le site de la Haute Autorité de santé, sous réserve que ces instances sachent vulgariser leurs informations.

Je peux garder des données concernant des patients sur mon smart phone ?
FAUX
Toute donnée personnelle de santé supportée ou échangée par l’informatique doit être sécurisée par des certificats électroniques.
Si un patient me prend en photo au travail à mon insu, je peux porter plainte ?
VRAI
Le médecin doit lui signifier qu’il veut qu’il supprime cette photo. Sinon, il se réserve le droit de le poursuivre (droit à l’image).
Je peux accepter une relation virtuelle non professionnelle avec un patient ?
non recommandé
Il faut garder une « neutralité des affects », savoir manier le transfert et le contre-transfert dans la relation, même si elle n’est pas psychiatrique. Nous recommandons clairement de ne pas mélanger les genres (vie privée, publique et professionnelle).

VRAI / FAUX

Je peux garder des données concernant des patients sur mon smart phone ?
FAUX
Toute donnée personnelle de santé supportée ou échangée par l’informatique doit être sécurisée par des certificats électroniques.

Si un patient me prend en photo au travail à mon insu, je peux porter plainte ?
VRAI
Le médecin doit lui signifier qu’il veut qu’il supprime cette photo. Sinon, il se réserve le droit de le poursuivre (droit à l’image).

Je peux accepter une relation virtuelle non professionnelle avec un patient ?
non recommandé
Il faut garder une « neutralité des affects », savoir manier le transfert et le contre-transfert dans la relation, même si elle n’est pas psychiatrique. Nous recommandons clairement de ne pas mélanger les genres (vie privée, publique et professionnelle).

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