Transition de genre : tout ce qu’il faut savoir (au minimum) avant de prescrire

Article Article

Les bloqueurs de puberté, dont l’interdiction aux mineurs en transition de genre est à l’étude en France, doivent être prescrits dans un cadre rigide, voici les points essentiels.

Transition de genre : tout ce qu’il faut savoir (au minimum) avant de prescrire

Quelles sont les molécules dont-on parle ? 

Ce sont des hormones de synthèse qui, en imitant les vraies hormones de la puberté, empêchent la stimulation des gonades (ovaires, testicules) et la sécrétion des stéroïdes sexuels (œstrogènes, testostérone).

Certaines de ces molécules sont indiquées contre des cancers de la prostate, contre l'endométriose, mais aussi chez les enfants atteints de puberté précoce.

Pourquoi une prescription aux enfants atteint d’une dysphorie de genre ? 

Parce qu'ils permettent de suspendre le développement des caractères sexuels secondaires (poitrine, voix, pilosité) relevant du genre auquel l'enfant ne s'identifie pas. Quand l'adolescent arrête le traitement, l'évolution pubertaire reprend son évolution naturelle.

A ne pas confondre avec les hormones sexuelles, prescrites plus tard aux jeunes en transition, à partir de 16 ans, et qui ont des effets permanents comme la mue de la voix.

Ces molécules permettent de prendre le temps de réfléchir avant l’intervention médicale

Le but des bloqueurs, c'est que "les jeunes personnes explorent leur identité de genre sans expérimenter les changements liés à la puberté qu'ils pourraient mal vivre", explique à l'AFP Annelou de Vries, psychiatre néerlandaise dont les travaux font référence sur ces traitements.

L'idée est de "gagner du temps et de la sérénité avant de prendre une quelconque décision sur une intervention médicale avec des effets potentiellement irréversibles".

Ces molécules n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter les enfants en dysphorie de genre, mais ce n'est pas illégal pour autant : en France, 20% des prescriptions se font hors AMM.

Quels sont les effets indésirables de ces molécules 

Sur ce point, faute de recherches au long cours, il n'y a pas de consensus. C'est d'ailleurs une des principales critiques pour demander l'arrêt de ces prescriptions.

L'Académie française de médecine met en garde concernant "l'impact sur la croissance, la fragilisation osseuse". Interrogée par l'AFP, Catherine Gordon, endocrino-pédiatre américaine, rappelle que beaucoup d'enfants en transition ont déjà "une faible densité osseuse avant le traitement", notamment du fait de troubles alimentaires et d'un manque d'exercice physique.

Les médecins portent un intérêt aux conséquences sur la densité osseuse ainsi que les émotions 

"Il semblerait que la densification osseuse associée à la puberté est réduite chez les adolescents atteints de dysphorie de genre et traités par bloqueurs, mais aussi qu'une augmentation encourageante est observée une fois" qu'ils remplacent ces bloqueurs par "des hormones affirmatives de genre", explique la spécialiste.

Des chercheurs s'inquiètent aussi de potentielles conséquences à vie sur la santé cognitive et émotionnelle, la puberté étant une phase limitée dans le temps pendant laquelle les connexions en développement du système nerveux sont construites par des facteurs hormonaux et liés aux expériences.

A qui et comment sont-ils prescrits ?

Pour assurer leur efficacité et leur sécurité, la Dr Annelou de Vries, une des auteures du "protocole néerlandais" qui fait référence notamment en France, explique que les suppresseurs de puberté doivent être prescrits dans un cadre strict.

Il s'agit de "bien plus que l'administration d'un traitement hormonal", que d'ailleurs seuls un tiers des patients se voit prescrire, rappelle-t-elle. Pour être éligible, le patient doit avoir atteint le stade 2 de la puberté de Tanner, en général autour de 12 ans, mais qui peut commencer dès 8 ans.

Un protocole très stricte est engagé, l’enfant est suivi par de nombreux professionnels de santé 

En France, seuls 11% des jeunes accompagnés dans une transition de genre ont eu accès à des bloqueurs de puberté, après un délai moyen de 10 mois entre la première consultation et la mise en place du traitement, selon la Défenseure des droits, qui ne dispose pas de chiffres dans l'absolu.

Le protocole commence par un diagnostic précis visant notamment à détecter si le jeune patient présente des troubles psychiatriques ou autistiques.

Elle insiste aussi sur le suivi au long cours des patients, par une équipe pluridisciplinaire - psychologues, psychiatres, endocrinologues, travailleurs sociaux.

De plus en plus de demandes mais les réponses ont du mal à parvenir 

En théorie, en France, toutes les décisions thérapeutiques pour les mineurs en transition doivent être appuyées et validées par des réunions de concertations pluridisciplinaires (RCP). Les jeunes et leurs familles sont informés de la nécessité d’une surveillance médicale et d'un suivi au long cours.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/coup-de-frein-en-suede-sur-la-prise-en-charge-des-trans-mineurs-face-la-recrudescence-des

Mais un rapport de 2022 pointe que face à une "demande de transition sensible et en forte croissance, les réponses ont du mal à suivre, en dépit d'initiatives pour les développer". Et beaucoup de jeunes n'ont pas accès aux consultations spécialisées.

Avec AFP

Aucun commentaire

Les gros dossiers

+ De gros dossiers