Violence dans un centre de dépistage attenant à une pharmacie ou encore menace envers des pharmaciens « vaccinateurs », les professionnels de la croix verte sont aussi malheureusement des victimes collatérales du climat sanitaire actuel.
Bien évidemment, la tension est palpable depuis plusieurs semaines . Les journaux rapportent régulièrement des dégradations volontaires commises dans des centres de vaccination. Mais récemment ce type d’incident s’est étendu vers les pharmacies françaises. Car les officines sont en effet devenues une composante sanitaire locale primordiale dans le dépistage et la lutte contre la pandémie actuelle.
Pour preuve, récemment, un pharmacien de Montpellier a été « malmené » au cours d’une manifestation anti-pass sanitaire. Les opposants s’en sont pris à son centre de dépistage implanté dans la rue. En Corse, des titulaires d’officine vaccinateurs ont même reçu un courrier un peu spécial composé d’une cartouche et d’une inscription “antivax”.
Mais comment peut-on en arriver à une telle extrémité dans notre pays ?
Car les pharmaciens, comme tous les autres professionnels de santé, constituent la base de notre système de santé en France.
Les actions de santé publique font partie intégrante des missions de base des équipes officinales. Au-delà de la simple dispensation des médicaments, le pharmacien assure également auprès de la population de véritables actions de prévention. La réalisation de tests et la pratique de la vaccination constituent, en cette période bien particulière, les meilleures réponses à ces missions.
Malheureusement, et même si je ne suis pas médecin, je ne vois qu'un seul diagnostic : notre pays est malade chronique des conséquences de la crise sanitaire.
Tout a changé dans le comportement et la mentalité d’une partie de la population depuis le début de l’épidémie. S’attaquer aux acteurs de soins, qui se lèvent chaque matin pour aider les autres, témoignent d’une évolution inquiétante de notre société. Les confinements successifs, les incertitudes sur la vaccination, la remise en question des décisions sanitaires sont autant de symptômes qui confirment le diagnostic, mais ne justifient pas les actes associés.
Alors, en tant que pharmacien, je devrais être optimiste et vous dire que le médicament miracle existe. La vaccination semble être le meilleur candidat pour l’instant pour répondre à ce défi afin d’éradiquer l'épidémie et les comportements actuels. Mais malheureusement, non ! Le mal me semble bien plus profond et plus difficile à identifier. La société évolue probablement à une vitesse plus importante que les avancées scientifiques. Bien évidemment, ces incidents seront très probablement sanctionnés par des décisions de justice. Peut-être même que les politiques vont être sensibilisés à ces actes d’agressions et instituer un statut particulier aux professionnels de santé comme le sont les représentants des forces de l’ordre par exemple.
En tout cas ce qui est sûr, c'est que nous sommes passés en quelques mois à deux extrêmes. Rappelez-vous, lors du premier confinement, la population avait pris l’habitude de soutenir les acteurs de santé à 20 h tous les soirs.
Aujourd’hui, les temps ont changé. Médecins, pharmaciens, infirmiers et autres professionnels de santé se voient de moins en moins soutenus par une partie de la population leur reprochant même de faire tout simplement leur métier.