Ségur : un an après, où en est-on ?

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Le Ségur a fait des promesses, et des déçus. Un an après, Emmanuelle Durand, vice-présidente de la SNPHARE, nous fait un état des lieux des chantiers en cours.

Ségur : un an après, où en est-on ?

Avec une crise sanitaire qui n’en finit pas, les tensions se cristallisent parmi les professionnels de santé, face à un Ségur qui aura laissé un goût d’inachevé. « On est entre deux vagues avec un essai de récupérer tous les patients, avec le départ de personnel qui rend les choses plus difficiles, et la crainte d’une 4ème vague. L’attractivité promise par le Ségur n’est pas là. Il y a une fuite de personnel à tous les étages, on ne peut pas s’enorgueillir d’avoir changé les choses pour l’hôpital d’après », soupire Emmanuelle Durand, anesthésiste-réanimatrice et vice-présidente de la SNPHARE.

« La revalorisation a laissé de côté la majeure partie des praticiens engagés.  Cela crée une inégalité : il y a une augmentation pour les praticiens entrant dans la carrière, ceux qui en sortent, mais rien pour ceux entre les deux, et pourtant cela concerne 28 000 PH ». Un recours a d’ailleurs été porté devant le Conseil d’Etat.

Autre volet de désillusion, des conditions de travail qui ne s’améliorent pas, malgré les nombreux appels à l’aide. « On avait demandé un chantier sur la maitrise du temps de travail, la reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit, ce n’est pas reconnu, or, c’est de plus en plus rédhibitoire pour les praticiens du public », rappelle la syndicaliste.

Le 20 juillet, Olivier Véran organisait une webconférence avec les professionnels de santé. Questionnée avant de s’y rendre, Emmanuelle Durand n’était pas très optimiste : « On n’en attend pas grand-chose, on va poser nos questions, on espère avoir des réponses, ne pas entendre ce que l’on a déjà entendu. Les indicateurs du manque de personnel se voient sur les heures supp, les comptes épargne-temps, les fermetures de lits, dans la presse, par les remplacements… Ce sont les indicateurs ! », s’agace Emmanuelle Durand.

Autre problème, une invitation trop confidentielle. « On a demandé autour de nous qui a reçu l’invitation car elle est passée par les directions. Ce n'est pas descendu jusqu’au personnel hospitalier, c'est resté en haut », ajoute-t-elle. 

Pour certains syndicats, il s'agissait plutôt là d'une opération de communication, comme l'a fait remarquer le président de l'ISNI sur Twitter. 

Déception aussi du côté des libéraux, dont l'absence au sein de cette conférence est mal passée. 

Pour se faire entendre cette année, de nombreux corps de métier n’ont pas hésité à aller battre le pavé tout au long de ces derniers mois. « On est écoutés par nos parlementaires qui relaient nos messages, c’est plutôt une bonne chose. Les élus locaux aussi sont très intéressés par le maintien d’une démocratie sanitaire dans leur territoire. Mais il y a un plafond de verre qu’on n’arrive pas à dépasser, pour vraiment faire entendre ce que l’on veut, cela ne dépasse pas le parlement, il n’y a pas de retour ».

Et au niveau du ministère ? « On nous écoute mais on ne nous entend pas ». Du côté du Gouvernement pourtant, on note les efforts. Olivier Véran a indiqué que « 75% des promesses ont été tenues » avec notamment un investissement de 9 milliards d'euros pour augmenter les salaires à l'hôpital. « En fin de carrière, une infirmière gagnera après le Ségur 3398 euros nets mensuels et un cadre de santé 3941 euros nets mensuels», a rappelé le ministère.

« Ce qu’on entend dans la presse, c’est de la satisfaction de ce qui a été fait, mais ce sont bien les seuls à être satisfaits ! », conclut Emmanuelle Durand. 

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