On le sait, les médecins français sont moins bien payés que les médecins américains. Mais sont-ils mieux payés que les « physician assistants », ces professionnels de santé de niveau bac+5 qui ont le vent en poupe aux Etats-Unis ?
Les « physician assistants » américains pavoisent. Pour la première fois, les revenus annuels de ces professionnels de santé de niveau master, qui épaulent aux Etats-Unis les médecins et qui ont le droit de diagnostiquer et de prescrire, ont dépassé les 100 000 $ (environ 91 500 €). C’est le résultat tout récemment publié par la Commission nationale de certification des « physician assistants » dans son rapport annuel.
La rémunération des « physician assistants » américains talonne donc désormais celle des médecins français. En effet, si les comparaisons internationales sont malaisées en termes de salaires, on peut tout de même raisonner sur des ordres de grandeur. Or, si l’on en croit les données de l’INSEE, les revenus d’activités de nos libéraux sont de l’ordre de 106 000 € par an. Soit seulement 15% de plus que les « physician assistants » américains.
Et être « physician assistant » aux Etats-Unis rapporte d’ores et déjà plus qu’exercer certaines spécialités en libéral en France. C’est notamment le cas de la dermatologie, de la pédiatrie (86 000 € chacune d’après l’INSEE), de la psychiatrie (84 000 €), et de la médecine générale (82 000 €). Et ce pour ne rien dire des médecins salariés, dont on sait qu’ils sont moins bien payés que les libéraux.
Un meilleur job ?
Les raisons de la vogue des « physician assistants » américains sont profondes, et tiennent principalement à la démographie médicale. Aux Etats-Unis, la pénurie de médecins favorise les professions de santé intermédiaires, dont ils font partie avec leurs jumeaux infirmiers, les « nurse practitionners ».
Le fameux site « US News and World Report » place même tous les ans ces deux professions parmi les meilleurs jobs du secteur de la santé. Cette année, dans son classement où entrent en ligne de compte le salaire, les perspectives d’emploi et la qualité de vie, les « nurse practitionners » sont troisièmes et les « physician assistants » quatrièmes… Loin devant les médecins, quinzièmes.
Voilà qui explique pourquoi, toujours d’après « US News », le salaire des « physician assistants » a crû de près d’un tiers depuis 2006, tandis que celui des médecins stagne depuis 2010. L’écart entre les deux professions se resserre fortement : en 2010, les médecins américains gagnaient près de 120 % de plus que les « physician assistants ». Aujourd’hui, ce chiffre n’est plus que de 97 %.
Soulagement pour les médecins américains : avec un revenu d’environ 190 000 $ par an (environ 174 000 €), ils restent mieux payés que les « physician assistants ». Mais pour combien de temps ?
Source:
Adrien Renaud