Rencontre avec Sylvain Teissier, photographe médical

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Rencontre avec Sylvain Teissier, photographe médical

Photographe médical au CHU de Nice, Sylvain Teissier est l’un des rares photographes à entrer au bloc avec les chirurgiens. What’s up Doc est parti à sa rencontre.

 

Le bloc opératoire est un lieu d’habitudes sonores. Respirateur, moniteur de signes vitaux, ou encore oxymètre de pouls sont des appareils que, chirurgiens, infirmières, et anesthésistes ont coutume d’entendre. Quid alors lorsque se détache de cette ambiance musicale le déclenchement caractéristique d’un boitier réflex ?

Un métier sans vrai statut

Photographe médical est une profession dont on parle assez peu, d’abord parce que le métier est sans statut dédié, et surtout parce qu’il est extrêmement confidentiel. « C’est assez répandu outre-Atlantique et dans les pays nordiques. Mais en France, le photographe médical n’a pas une place officielle. Pour ma part, je suis considéré comme technicien supérieur », explique Sylvain Teissier, photographe médical au CHU de Nice.

Son travail, il en parle avec beaucoup de passion et un léger sentiment de solitude. « J’assiste le chirurgien au bloc lorsqu’il a besoin d’une prise de vue spécifique pour illustrer un cours ou une publication. Je travaille aussi beaucoup avec les étudiants dans l’illustration de leurs travaux. Les services les plus demandeurs de clichés sont généralement la dermato, et la chirurgie esthétique. »

Deux spécialités dans lesquelles le visuel est primordial pour la pratique et l’apprentissage, mais aussi dans lesquelles une prise de vue peut légalement faire partie intégrante des procédures d’intervention. « On a eu une fois le cas d’une patiente en chirurgie esthétique qui a refusé de se faire prendre en photo », se souvient Sylvain. « Pour des raisons légales, il a fallu ajourner l’intervention. »

Science un jour science toujours

Mais attention, si habituellement un photographe sublime son sujet, ici c’est tout l’inverse. « La photo doit être la plus fidèle possible. » Intensité de la lumière, focale spécifique, les choix sont les mêmes à chaque prise de vue. « On a une contrainte de répétabilité », explique Sylvain. « Ces photos servent bien souvent d’illustration à des travaux. Pour qu’on puisse les comparer au besoin, il faut qu’elles soient identiques dans le protocole de réalisation ».

La photographie de l’acte médical est donc à l’image de celui-ci. Une chorégraphie immuable dont chaque étape est assimilée et exécutée à la perfection. Une rigueur que Sylvain Teissier apprécie. « Je fais ça depuis onze ans. C’est extrêmement intéressant, aussi bien en chirurgie, où le travail des médecins m’impressionne toujours, qu’au contact des patients à qui il faut expliquer les raisons de ma présence, car c’est assez inattendu pour eux de croiser un photographe à l’hôpital. »

 

A côté de ce travail minutieux de reportage, le photographe avoue apprécier réaliser des clichés d’ambiance, ou il peut laisser aller sa créativité. « Dans les prochains mois, il est possible qu’une expo de ma série au bloc s’organise dans le hall du CHU, ce serait l’endroit parfait pour ça », se réjouit-il. Et lorsqu’on lui demande s’il pense à une solution pour faire rayonner son métier en France, il nous confie que « l’idéal serait de publier des protocoles de prise de vue dans des revues scientifiques pour à la fois former les photographes ou les médecins, et faire comprendre que photographe médical n’est pas un métier improvisé. »

Crédit photo : Sylvain Teissier

Source:

Johana Hallmann

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