Plan d'urgence : l’Association des directeurs d’hôpital applaudit à... demi mains

Article Article

L’Association des directeurs d’hôpital (ADH) vient à son tour de réagir au plan d’urgence du gouvernement. Si elle se félicite de certaines mesures, elle affiche néanmoins sa vigilance et… comprend tout à fait que de nombreux collègues soient en grève. Quant au collectif Inter-Blocs, il accuse le gouvernement de vouloir diviser les soignants avec ses mesures.
 

Plan d'urgence : l’Association des directeurs d’hôpital applaudit à... demi mains

C’est un doux euphémisme. Le plan d’urgence pour l’hôpital public du gouvernement n’a pas fait l’unanimité, si l’on s’en tient aux réactions la semaine dernière des différents collectifs, des syndicats de PH et d’internes et confédérations syndicales.

Néanmoins, certaines organisations, à l’image de la FHF, se sont élevées pour saluer les mesures prises par le gouvernement. Comme d'ailleurs l’Association des directeurs d’hôpital (ADH) qui s’est réjouie du dégel du coefficient prudentiel pour 2019, de l’augmentation de l’Ondam hospitalier en 2020, de la reprise partielle de la dette des hôpitaux ou de certaines mesures d’attractivité. Tout en affichant sa méfiance, dans un communiqué daté du 22 novembre.
 
Pour l’ADH, l’ensemble de ces mesures se devaient d’être soulignées car « elles interrompent, pour la première fois, une politique constante fondée sur la contrainte et l’austérité financières depuis des années ». Mais l’association se veut vigilante. Notamment sur la hausse de l’Ondam, « car le PLFSS initial annonçait aussi un plan d’économies de 800 millions d’euros qui n’est plus évoqué aujourd’hui ».

Prudence sur la reprise de la dette 

En effet, il est encore trop tôt pour savoir si ce plan d’économies sera véritablement abandonné. Si tel n’était pas le cas, « la hausse de l’Ondam de +0,35 pourrait ne servir qu’à compenser les revalorisations accordées, sans financer l’évolution naturelle des dépenses, bien supérieure comme chacun le sait », prévient l’ADH.
 
La prudence affichée est la même concernant la reprise de la dette. Une mesure « très positive dans son principe qui vient alléger une charge d’endettement liée à l’insuffisance des financements fixés par les pouvoirs publics depuis des années ». Mais c’est aussi un sujet d’interrogation car on ne sait toujours pas comment la reprise de la dette sera assurée, met en garde l’ADH qui pose les questions suivantes :  
 
« Au regard des critères appliquées strictement par le COPERMO (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins, NDLR), on peut se demander quelles contraintes seront imposées aux établissements dont la dette sera reprise. Y aura-t-il de nouveaux plans de performance à la clé ?  Des mises sous administration provisoire ? »

Mesures d'attractivité insuffisantes 

Par ailleurs, l’ADH salut les mesures d’attractivité annoncées par le gouvernement, tout en se demandant si elles seront « suffisantes pour compenser les effets délétères de la démographie médicale et soignante déclinante dans les hôpitaux ».  Réponse de l’association : non !
 
Pour les médecins qui veulent rejoindre l’hôpital public et y rester, il faut « revaloriser de façon conséquente leur engagement, avec une politique drastique encore plus volontariste de régulation et de contrôle de l’intérim médical », estime l’ADH qui plaide pour une revalorisation de tous les soignants, mais aussi de « tous les acteurs de la chaîne de soins, qu’ils exercent des fonctions administratives, techniques ou logistiques ».
 
Plus surprenant : le communiqué de l’ADH évoque la souffrance au travail de nombre de directrices et directeurs d’hôpital. Ceux-ci souffriraient notamment d’« une forme d’indifférence » , du « mépris » et du « dénigrement » de certains collègues qui « secouent le chiffon de la gouvernance pour mieux cliver » au moment même où « le besoin de responsabilité et de solidarité collectives pour mener à bien cette vitale transformation du système de santé » n'a jamais semblé aussi important.

Et de poser la question suivante : « Qui peut prétendre que la contrainte imposée aux hôpitaux par les gouvernements successifs émane des dirigeants de terrain ? » En clair : les ordres viennent d'en haut !
 
Le malaise et la souffrance touchent donc l’hôpital à tous les étages. D’ailleurs, « beaucoup de collègues sont aujourd’hui sensibles à l’appel à la grève », ajoute l’ADH qui, si elle n’appelle pas à la grève, « comprend les collègues qui maintenant souhaitent la rejoindre. C’est hélas une première »
 

Le collectif Inter-Blocs dénonce une aumône
Le collectif Inter-Blocs, qui milite pour la défense et la valorisation des Ibode et Ide au bloc opératoire, estime que les annonces du gouvernement « ne sont que des mesures de politique à portées limitées », dans un communiqué daté du 24 novembre. Pour le collectif, les administrateurs sont tellement « plongés dans une logique financière restrictive et une logique technocrate de la situation », qu’ils « refusent clairement d’accéder à nos demandes sans pour autant avoir l’audace de la refuser directement : l’attaque frontale étant trop risquée, ils donnent insidieusement d’une main pour mieux reprendre de l’autre. » Pour Inter-Blocs, les millions versés sont une « aumône » qui est « juste une version 2.0 d’une politique de la terre brulée pernicieuse visant à détruire le ciment de notre mouvement : l’unité interprofessionnelle ! » D’autant plus que les primes versées sont « précaires, ne comptent pas pour la retraite, sont imposables, mais en plus celles-ci seront arbitraires car qui décidera de leur attribution et sur quels critères ? », se demande le collectif qui conclut ainsi son communiqué : « nous ne sommes plus dupes de ces bullshit brandis dans le but de diviser les soignants pour mieux détruire notre système de santé publique et privé. »

 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers