PH : un CDI en perte de vitesse chez les jeunes

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Sacrée « génération Y »...

PH : un CDI en perte de vitesse chez les jeunes

Avant, le Praticien Hospitalier (PH), c’était celui que l’on regardait avec des yeux ronds d’admiration, celui qui pouvait arborer un large sourire car enfin, il avait obtenu le Graal : son statut. Mais ça, c’était avant. Maintenant, le taux national de vacance statutaire s’élève à 26 % pour les postes de PH temps plein et à 46 % pour les postes à temps partiel, selon le rapport d’activité du Centre National de Gestion (CNG), daté de 2016. Tous les ans, le concours comporte plus de places que de candidats. C’est un fait : le statut a perdu de sa superbe.

Pour la nouvelle génération de médecins, ce statut peut présenter plusieurs inconvénients, notamment une certaine rigidité. Là où la « génération Y » réclame mobilité, liberté et flexibilité, elle se trouve face à un système qui n’a pas été dépoussiéré, ou si peu, depuis une trentaine d’années.

Génération flexible
« Le statut manque de modularité », observe ainsi Franck Verdonk, président du SCCAHP (Syndicat des Chefs de Clinique & Assistants des Hôpitaux de Paris). « A commencer par la localisation : on est affecté à un service, à un lieu, à une stratégie. Il y a très peu de turn-over -  une fois qu’on est PH, on le reste, ce qui peut être limitant - et une faible visibilité sur les postes malgré les annonces sur le site du CNG ». Autre désavantage de taille : la difficulté à développer en parallèle une activité libérale. Or, une enquête très récente du SCCAHP menée sur 1216 internes franciliens montre que 25 % des jeunes médecins souhaitent avoir une activité libérale. Et ce, malgré un réel intérêt pour le milieu hospitalier - plus d’un sondé sur deux souhaite y travailler. « Les postes de PH mi-temps sont difficiles à obtenir. Le statut est, globalement, difficile à aménager ».

« Les jeunes veulent un statut plus flexible, plus mixte », confirme, à l’unisson, Jean-Baptiste Bonnet, président de l’ISNI (InterSyndicale Nationale des Internes). Outre une activité libérale, la génération Y voudrait avoir plus d’universitaire à l’hôpital. « Les Centres hospitaliers généraux sont plus déficitaires en PH que les CHU, lesquels ont l’avantage d’allier recherche, enseignement et soins sur des cas rares, ce qui est intellectuellement stimulant. On gagnerait à ouvrir l’universitaire à l’ensemble du corps hospitalier public. »

Un statut peu valorisé
Par ailleurs, l’évolution de l’organisation de l’hôpital a pu influer négativement sur le statut de PH et son attractivité auprès des jeunes. « Il y a une absence de reconnaissance du statut de PH, avec un statut hyper hiérarchisé et des difficultés managériales », ajoute Jean-Baptiste Bonnet.

Pour Rachel Bocher, présidente de l’INPH (Intersyndicat des praticiens hospitaliers), le manque de reconnaissance et de moyens est clairement à l’origine de la perte d’attractivité du statut. « Avant, nous avions les moyens pour déployer des projets au sein d’une grande équipe, ce qui n’est plus le cas. Il faut restaurer l’autorité du PH par le biais de la gouvernance - un PH n’a plus la main sur son personnel infirmier ! Le chef de pôle est écouté au détriment de tous les autres. Le statut n’est pas assez valorisé. Il faut remettre au centre le triptyque soins - enseignement - recherche. Si on ne fait que des actes, si on ne fait que de l’abattage, autant aller dans le privé, c’est clair. »

La rémunération du PH fait aussi partie des facteurs susceptibles de faire fuir les plus jeunes. Si la protection sociale associée au statut est considérable - RTT, plages additionnelles, congés maternités… - elle ne suffit visiblement pas à juguler l’hémorragie de PH.

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