Pediatre-online ravive la guerre entre généralistes et pédiatres

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Allô maman, bobo

Pediatre-online ravive la guerre entre généralistes et pédiatres

La semaine dernière, pediatre-online, un blog médical grand-public, a étendu son champ d’action au téléconseil. Pour la modique somme d’une quinzaine d’euros, les parents peuvent dialoguer avec un pédiatre hors des horaires de consult’. Une idée qui fait hurler les généralistes.

 

Entre généralistes et pédiatres libéraux, ça n’a jamais été le grand amour : les uns reprochent aux autres de s’approprier la prise en charge de la patientèle juvénile. Dernier exemple en date de ce conflit ancestral : la plateforme pediatre-online. Créé par le Dr Arnault Pfersdorff en 1996, cet ancien blog de conseils aux patients vient d’ajouter une nouvelle corde à son arc : le téléconseil payant. 

Par chat (pour 15 euros la session) ou téléphone (3 euros la minute hors coût d’un appel), Arnault Pfersdorff permet à chaque parent angoissé d’entrer en contact avec un pédiatre, sur des plages horaires bien précises : 7h-9h, 12h-14h et 19h-22h. « Nous répondons aux parents quand leur médecin n’est pas disponible », explique le pédiatre. « Cela permet également aux pédiatres de consacrer leurs consultations aux pathologies qui doivent être vues », se défend-il. 

Par ici les lardons !

Un système certes louable, mais qui donne l’impression aux généralistes que l’on effleure d’un peu trop près leurs plates-bandes. « Attention, il ne faut pas se méprendre, nous avons besoin des pédiatres, ils sont indispensables, mais ils sont plus utiles dans les établissements hospitaliers où ils peuvent traiter de pathologies très spécifiques », explique le Dr Matthieu Calafiore, vice-président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNMEG). 

« Il y a une étude qui a été faite sur le recours au pédiatre en fonction de la place des enfants dans une fratrie », poursuit le syndicaliste. « Pour le premier enfant, ce recours est de 84 %, et il va decrescendo pour atteindre 20 % dans le cas du troisième. » Avec humour, le généraliste se demande si les parents se fichent de la santé de leur troisième rejeton, ou s’ils se rendent tout simplement compte que le recours systématique à un pédiatre n’est pas nécessaire.

Prudent, Arnault Pfersdorff ne souhaite quant à lui pas entrer dans le débat. « Vous savez, nous renvoyons régulièrement des enfants voir leur généraliste et vice versa », esquive-t-il. 

Par ici la monnaie !  

Faire payer le conseil à un patient : l’idée provoque une légère indignation côté généralistes. « Nous offrons ce service gratuitement à nos patients, d’autant plus lorsqu’il s’agit des jeunes patients », indique Matthieu Calafiore, qui reconnaît pourtant l’utilité du blog original. « C’est une excellente idée de donner accès au patient à des conseils de professionnels », admet-il. 

Une remarque qui ne devrait pas changer les plans du site strasbourgeois qui, selon le Dr Pfersdorff, a été approché par plusieurs mutuelles souhaitant inclure le service de téléconseil dans leurs offres patients.

Source:

Johana Hallmann

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