Olivier Véran organise déjà les troupes pour la prochaine pandémie

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Comment vraiment tirer les leçons de la crise ? Olivier Véran a lancé 3 missions de réflexion pour préparer la prochaine. Entretien avec Julien Delpech, nommé co-responsable de la mission dédiée à l’amélioration de la formation et l’information des professionnels de santé.  

Olivier Véran organise déjà les troupes pour la prochaine pandémie

Olivier Véran passe en mode bilan. Après un an et demi de crise sanitaire, le ministère de la Santé vient de publier un communiqué annonçant la création de 3 missions pour mieux appréhender les prochaines crises. Et parmi les enseignements à tirer, une meilleure formation des professionnels de santé pour réagir face à l’urgence et ce de manière coordonnée sur tout le territoire.

C’est dans ce cadre que Julien Delpech, fondateur d’Invivox, la plateforme de formation en ligne, a été contacté par le cabinet ministériel il y a deux semaines de cela. « Cette mission a pour but de proposer un dispositif innovant permettant de dispenser sans délai des formations flash validées et de référence à tout ou partie des professionnels de la santé concernés par une thématique ou un événement (alerte sanitaire) quels que soient leur profession, secteur d’activité ou situation géographique », peut-on lire dans le communiqué du ministère. L'équipe chargée de travailler sur la mission Formations est composée, en plus de Julien Delpech, du :

  • Pr. Eric Vibert (AP-HP), hépatologue et Directeur de la Chaire Innovation BOPA (Bloc Opératoire Augmenté) ; 
  • Dr. Tiphaine Liu, chercheuse en Sciences de l'Education ; 
  • Abdelaali El Badaoui, infirmier et fondateur de Banlieues Santé ; 
  • Dr. Jeanne Erard, médecin généraliste ; 
  • Dr. Mehdi Benchoufi, mathématicien, épidémiologiste (Hotel Dieu) ; 
  • Catherine Holué, journaliste, ex-déléguée générale de l'association French Healthcare.

© Ministère des Solidarité et de la Santé. De gauche à droite: Olivier Véran, Pauline Martinot, Aude Nyadanou, Eric Vibert, Franck Chauvin, Julien Delpech.

« Nous allons travailler à la création immédiate de contenus pour informer les professionnels de santé et les former. On a vu avec l’exemple des ventilateurs, il a fallu former des milliers d’anesth-réa à leur utilisation. Et il n’y avait pas forcément de structure en place pour créer ce contenu, assimiler et ensuite valider les connaissances, avec des quizz ou autre », précise Julien Delpech.

C’est donc une période de réflexion qui s’ouvre. « Face à la soudaineté de cette crise, les pouvoirs publics n’ont pas toujours été en mesure de répondre de manière suffisamment rapide aux besoins des professionnels de santé, pour qu’ils reçoivent une information claire, sécurisée, sur une plateforme commune », ajoute le fondateur d’Invivox.

Et la première étape va être de prendre le pouls des soignants concernant l’information reçue pendant cette période chaotique. « On va leur donner la parole pour comprendre comment a été gérée la crise. Parfois il n’y a pas eu assez d’informations, d’autres, trop, ou encore des informations contradictoires entre ARS et l’Etat. Par exemple les dentistes n’ont reçu aucune information au premier confinement, beaucoup auraient été prêts à se mobiliser. L’idée est d’être capables de structurer la réaction du ministère de la Santé face à une crise, la structurer, avoir une réactivité et une réponse, claire, coordonnée et adaptée en fonction de la gravité. »

Le but, aboutir à une plateforme unique d’information fiable et sécurisée, donner un endroit clé où les pros de santé savent qu’ils peuvent aller pour trouver une info officielle et fait de manière pédagogique pour répondre rapidement aux besoins de formation et questionnements.

« On va réfléchir pour décrire le mécanisme de création de contenu, qui est responsable de cette création, comment il est créé, validé, sécurisé… Par exemple si un contenu est destiné aux infirmières, il ne doit être lu que par elles. Or il faut réfléchir à la diffusion du contenu, car en hôpital public, elles n’ont pas d’adresse mail professionnelle donc comment on diffuse le contenu ? Cela fait partie de nos réflexions, nous allons consulter différents acteurs de santé. »

Autre volet, recenser les personnes qui ont été formées au sein des établissements pour mieux redistribuer le matériel en fonction des personnes aptes à l’utiliser. « C’est tout un mécanisme à mettre en place, il faut être capable de suivre la progression de l’apprentissage pour ensuite déployer des outils et mécanismes pour gérer la crise ».

Pour avoir les réponses et des pistes solides, il faudra attendre le 31 octobre prochain.

 

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