Nathalie, urgentiste et nomade

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De la Belgique au Canada, la France n'est qu'une étape

Nathalie, urgentiste et nomade

Nathalie est urgentiste, née au Cameroun et formée en Belgique. Elle travaille en France depuis une dizaine d'année, mais elle rêve d'ailleurs. Non pas d'un retour aux sources belges ou camerounaises, mais d'une aventure au... Canada.

 

Nathalie est née au Cameroun. Elle a fait ses études de médecine et exercé quelques années en Belgique, avant de s’installer en France où elle travaille comme urgentiste. Depuis deux ans, elle caresse l’idée de partir vivre au Canada avec son mari et ses trois enfants, notamment par lassitude du fonctionnement du système français. « J'ai été formée en Belgique, et j'ai toujours eu un peu de mal à accepter le fonctionnement du système français ».

Pour elle, la Belgique a une vision plus pragmatique, et elle reproche aux médecins français de ne pas savoir quand s'arrêter : « il n’y a qu’en France qu’on entend parler de troisième ou quatrième ligne de chimiothérapie ! Il y a beaucoup moins de prises en charge coûteuses et inutiles pour des patients très âgés ou dans un état avancé d'une maladie incurable en Belgique.»

Un autre aspect de l’exercice français qui lui déplaît est le risque de procès : « je trouve ça usant de vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. En Belgique les décisions médicales sont jugées sur la prise en charge complète en termes de statistiques par rapport aux recommandations, et non pas sur les détails. »

De plus, au pays de Jacques Brel et des moules-frites, les patients seraient beaucoup plus autonomisés et responsabilisés : « le médecin n'a pas besoin de se justifier pendant des heures sur ses décisions, et le rapport à la liberté individuelle face à la mort est complètement différent ».

L’attrait du sirop d’érable

Sa perception est que le mode de réflexion dans les systèmes de type anglo-saxon est plus global, les décisions plus pesées en termes de bénéfices/risques, et surtout de coût. « En Belgique on dit qu'il y a une obligation de moyens... pas de résultats ! »

Le choix du Canada comme destination s’est fait sur plusieurs critères. D’abord sur la qualité de vie et le salaire, plus intéressants qu'en France, mais surtout sur les rapports avec les patients et l'organisation du système de santé.

Et puis Nathalie voulait que toute la famille parle couramment anglais. « Je pense que c'est une chance à donner à mes enfants, et pas seulement par rapport à la langue. Aujourd’hui les métiers sont de plus en plus spécialisés, mais le système éducatif français ne permet que peu de spécialisations précoces, ce qui fait perdre du temps, et surtout met en échec scolaire certains enfants. Au Canada le système scolaire est plus adapté à la professionnalisation. »

Pour l’instant ses envies de départ ont été mises de côté, pour des raisons familiales : « si nous partons de l’autre côté de l’Atlantique, nous verrons encore moins nos familles qui vivent au Cameroun ou en France. Nous avons décidé de privilégier la proximité de nos proches sur le travail. » Mais un jour peut-être sautera-t-elle le pas, comme tant d'autres attirés par l'appel de la feuille d'érable.

Source:

Sarah Balfagon

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