Qu'elle se pratique embarquée sur un navire polaire (L'Astrolabe), prestigieux (L'Hermione), sur l'archipel isolé des Kerguelen ou en remplacement du seul médecin de l'île d'Ouessant, la médecine en milieu “isolé” comme l'appelle Jean-Baptiste Vasse, s'apprend non pas à l'internat, mais sur le tas.
"Quoi qu'il en soit, dis-toi que tu es le meilleur à 3000 km à la ronde", rappelait à Jean-Baptiste Vasse un de ses copains, médecin aux îles Crozet. Diplômé de médecine générale en 2010, le jeune praticien a dû se souvenir du conseil à Ouessant - en pratiquant une ponction du genou et devant un patient qui s'était tiré une balle dans la tête-, ou sur l'archipel des Kerguelen auprès d'un marin en arrêt cardiaque. "Là-bas, je soignais non seulement le personnel de la base scientifique de Port-aux-Français, les militaires, mais également les marins dont les pathologies sont souvent plus avancées que celles des autres patients (luxation de deux jours, odontologie...). Cela, sans tout le plateau technique des médecins en métropole."
Faire avec les moyens du bord, telle est la devise de médecine embarquée, que Jean-Baptiste a vérifiée, en équipe cette fois, comme volontaire sur l'Hermione, frégate reconstituée selon le modèle du 18e siècle qui revient cet automne de ses premiers essais en mer. " Alors que nous devions organiser l'infirmerie, les urgentistes, un peu déboussolés, se demandaient à quoi servait de prendre un scope ou de quoi intuber, tandis que les généralistes, qui avaient moins froid aux yeux pour avoir exercé dans les Terres australes et antarticques françaises (Taaf), estimaient ce matériel nécessaire."
Se tenir en veille
Soins, organisation de l'infirmerie, prévention auprès de l'équipage : le médecin de bord doit s'attendre “à tout”... dont ne rien faire : "Sur l'Astrolabe, sur le trajet aller jusqu'en Antarctique, il ne s'est pas passé grand chose... tandis qu'au retour, en pleine tempête, j'ai dû demander au commandant de changer de cap afin de soigner un passager qui s'était empalé la jambe sur une vis : une telle intervention permet de gagner sa place sur un navire...”
Dans l'exercice de la médecine, ou dans la gestion de son agenda, Jean-Baptiste se tient en veille, "la valise toujours dans sa chambre" prêt à des missions exigeantes, pas forcément bien rémunérées, et auxquelles les études françaises, "tournées presque exclusivement vers l'hôpital ne préparent pas du tout : il a par exemple été refusé a des internes de faire leur dernier stage avec Voiles sans frontières (VSF), sous prétexte qu'il s'agissait uniquement de s'amuser...", regrette Jean-Baptiste, qui co-préside l'association.
De retour de Dakar, le jeune praticien repartira à Ouessant avant, entre autres missions, la transatlantique à bord de l'Hermione en 2015. Bon vent !
Source:
Marie Barral