Les médecins de la série « Hippocrate » sont « des sortes d'Avengers »

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Les médecins de la saison 3 de « Hippocrate » sont « des sortes d'Avengers », « des super-héros de l'hôpital » plongés dans des conditions de travail « souvent désastreuses », décrit à l'AFP Thomas Lilti, créateur de la série diffusée sur Canal+.

Les médecins de la série « Hippocrate » sont « des sortes d'Avengers »

© AFP x What's up Doc

 


 

AFP : Vos personnages placent clandestinement des malades dans un bâtiment désaffecté baptisé Hôpital California : est-ce un clin d'œil au tube « Hotel California » des Eagles, qui se conclut par « vous pouvez faire le check-out quand vous voulez mais vous ne pourrez jamais partir » ? 

Thomas Lilti : Il y a un lien assez direct avec cette phrase, enfin, oui et non, parce qu'il y a une fuite des soignants aujourd'hui de l'hôpital public, parce qu'ils n'y arrivent plus, parce que c'est trop dur. Les gens qui y travaillent, ils ne sont pas là pour la reconnaissance sociale ou pour la qualité de vie. Ils y sont parce qu'ils ont un sens de l'engagement très puissant, très fort. Et quand vraiment ils n'y arrivent plus, ils partent. Mais la plupart, quand ils partent, c'est déjà beaucoup trop tard. Travailler à l'hôpital public en France, c'est devenu compliqué. Les conditions de travail sont abîmées. On a l'impression de ne pas réussir à bien faire son travail. Ça provoque pas mal de souffrance.

Même si ce n'est pas le sujet principal, la saison 3 met-elle en lumière une forme d'addiction à travailler au service des urgences ?

TL : Oui, les personnages ont un sens du devoir hors du commun. Mais ce n'est pas sans effet négatif sur beaucoup de choses pour eux et ils se brûlent les doigts aussi à essayer de faire leur métier le mieux possible dans des conditions souvent désastreuses. Ce qui m'intéresse, c'est, d'un côté, l'ultra-réalisme qui me permet de faire une saison politique, car c'est une saison sur la désobéissance civile, et, en même temps, tout ça est porté par le romanesque de personnages héroïques, qui sont des sortes d'Avengers, qui sont des super-héros de l'hôpital. Ils incarnent l'engagement à toute épreuve que nous, simples mortels, malheureusement, nous n'avons pas toujours dans nos vies.

Pourquoi un des personnages décrit-il une situation à la "Mad Max" ?

TL : Dans les films « Mad Max », les gens se battent pour l'essence, devenue rare. Ici, ce sont les lits, les places pour mettre les malades qui manquent, comme les moyens, avec un manque de bras, surtout en plein été. On ne sait plus où mettre les malades. Il y a eu récemment un fait divers d'un patient hospitalisé et qui s'est réveillé dans le garage de l'hôpital de Langres (Haute-Marne, NDLR) parce qu'on l'avait mis là faute de mieux. C'est exactement ce que je raconte dans la saison 3. En voulant inventer, en voulant être romanesque, finalement, je ne fais que raconter ce qui se reproduit dans le monde réel.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/thomas-lilti-realisateur-dhippocrate-doute-de-tout-en-medecine-comme-dans-la-realisation 

Est-ce que l'ambiance crépusculaire de la série se réfère aux films de zombies ?

TL : Il y a cette idée, à un moment donné, d'aller faire un pas dans le genre et dire que c'est intéressant de confronter l'aspect presque documentaire à des codes de fiction très puissants qu'on peut retrouver dans le genre. Mais, après, je n'ai pas fait tout le chemin ni à l'écriture ni à la mise en scène en me disant que je suis dans un film de zombies. Vous n'êtes pas le premier à me le dire et j'en suis ravi, parce que c'est quelque chose qui est à la fois insufflé et qui m'a un peu échappé. Et qui veut bien dire que ça reflète quelque chose de la réalité de l'hôpital d'aujourd'hui, une sorte de monde clos qui est en survie face à une agression. Le zombie est un être humain qui a été contaminé. Et, au fond, on est tous responsables de l'état de l'hôpital public.

Avec AFP 

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