Les étudiants privés d’ECN réhabilités !

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Un temps privés d’épreuves classantes, cinq étudiants de Paris-Diderot pourront finalement plancher comme les autres, malgré l’invalidation de leur dernier stage d’externat.

Les étudiants privés d’ECN réhabilités !

Les étudiants de Paris-Diderot privés d’épreuves classantes nationales (ECN) pourront finalement plancher comme les autres à partir du 17 juin. La médiatisation de l’affaire, notamment via Facebook Et ça se dit médecin, et l’accompagnement de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) ont sans doute eu son rôle à jouer dans la réactivité de l’administration. Les cinq personnes concernées pourront rattraper leurs stages d’externat durant l’été.
 
Ils s’étaient en effet rayés des listes à quelques jours de l’échéance, se voyant contraints de patienter un an supplémentaire. Les déboires de l’un d’entre eux ont fait le tour du réseau social en quelques heures. Étudiant brillant qui avait toujours validé l’intégralité de ses unités d'enseignements (UE) haut la main, il s’est laissé tenter par un stage réputé tranquille, auquel il ne se présentait que ponctuellement, au mieux. Et contre toute attente, il n’a pas été validé.

Mauvais timing

Les stages « planque ». Tout le monde connaît, ça existe, et de nombreux étudiants en dernière année d’externat en profitent pour sécher afin de réviser les ECN. Sauf que, parfois, ça se passe mal. Ils tentent, il se plantent. Un stage non validé pour absences : rien de bien scandaleux, jusque-là.
 
Ici, comme cela se fait fréquemment, il avait été convenu de rattraper le stage durant l’été après un rendez-vous avec le chef de service. Rassuré, l’étudiant pouvait donc retourner à ses révisions. Mais le soulagement fut de courte durée. Le jury avait délibéré la veille, le privant « définitivement » d’une participation aux ECN. À moins de deux semaines de l’échéance…

Mobilisation générale

En panique, il tente de contacter l’administration qui le laisse pendant quelques jours (une éternité !) sans nouvelles. Quelques camarades décident alors d’en parler sur un groupe Facebook, l’information est relayée par Et ça se dit médecin, et l’affaire dépasse totalement l’étudiant qui ne sait plus quoi faire. La communauté médicale se mobilise sur les réseaux sociaux, l’Anemf se met sur le coup pour accompagner l’élève, et une pétition est même lancée sur change.org.
 
La pétition a recueilli 6600 signatures. « Nous ne remettrons jamais en question la légitimité d’invalider un étudiant pour absence lors d’un stage », précise l’étudiant de sa promo qui a rédigé le texte l’accompagnant. « Cependant, ce que nous osons pointer du doigt avec horreur et indignation, c’est les conditions ». « On ne considère plus les étudiants que comme des numéros, et non plus comme des êtres humains », ajoute-t-il.

Man VS university

Bon ou mauvais élève, peu importe. Il reconnaît sa bêtise de ne pas avoir assisté à son stage. Un brin de naïveté coupable à quelques semaines d’un examen primordial pour son avenir. Mais le timing de l’administration, déjà, interroge, alors que les stages sont terminés depuis un mois. L’étudiant n’a pas eu l’occasion de se défendre, et se retrouvait face à un mur administratif, « le règlement précisant formellement que la procédure de rattrapage après invalidation est suspendue à l’approbation du doyen ou de son représentant », comme le souligne l’assesseur du doyen, conscient des « lourdes conséquences » que cette décision représente.
 
Face à la détresse du jeune homme, le doyen a finalement consenti à le recevoir avec ses camarades le 6 juin. Pour décider de son sort à onze jours du début des ECN… Un geste de l’administration, certes un peu long à venir, mais qui pointe l’absurdité de la situation.

La fin d’une époque ?

L’histoire remet sur la table l’injustice créée par les différences de pratiques entre les universités. Certaines facs, comme celle de Paris-Diderot, imposent des stages presque jusqu’aux ECN. D’autres n’en prévoient pas pour le dernier semestre de DFASM3, laissant ainsi plus de temps pour réviser en vue des épreuves. L’injustice s’installe aussi au sein même des facs, entre ceux qui peuvent sécher leur dernier stage, et les autres qui n’auront pas pu choisir un stage tranquille…
 
Voilà comment une formation se transforme en une quête de stage « planque », que les étudiants demandent et que de nombreux chefs de service cautionnent et valident, contre toute logique pédagogique. La déviance d’un système qui a sans doute un peu trop vécu.
 
« Les absences en stage relèvent de la responsabilité des étudiants, et il n’est pas question pour nous de les encourager », souligne de son côté Clara Bonnavion, présidente de l’Anemf, contactée par What’s up Doc. « Mais c’est le système qui pousse les étudiants à l’absentéisme. C’est aussi pour cela que nous avons souhaité cette réforme » qui, rappelons-le, vise à supprimer les ECN. Pour qu’elle soit effective, il faudra en revanche attendre encore trois ans : la dernière promo qui passera les ECN est actuellement en 3e année. En attendant, les étudiants concernés de Paris-Diderot auront perdu une semaine de révisions, et sans doute un peu de sérénité.

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