
Audrey Lamy dans En tongs au pied de l'Himalaya de John Wax.
DR.
A partir d'un one-man-show qu'on imagine probablement plus percutant, John Wax réalise un feel-good movie à la fibre sociale plus âpre qu'il n'y paraît.
C'est toujours un peu frustrant de voir au cinéma un film que l'on imagine plus formaté pour la télé, tant la réalisation, l'écriture, le rythme et le jeu de la distribution - pourtant brillante - manquent d'assaisonnement. Alors, au milieu de cette composition un brin classique, on retirera la vigueur et l'identité toujours intactes d'une Audrey Lamy qui ne démérite pas en mère courage, ainsi qu'une certaine vérité, assez inhabituelle, dans la description d'une classe moyenne inférieure, ses galères, ses difficultés, ses petits bonheurs également. Tout ceci se tient, et au milieu de ce jeu de quilles standard le jeune acteur qui interprète Andrea maîtrise suffisamment son jeu pour que le désordre occasionné par l'impulsivité, les stéréotypies et les débordements anxieux de l'enfant n'empêchent pas le spectateur de rester concentré sur Pauline, véritable coeur et seul enjeu du film - ainsi, la caméra s'arrête constamment à la porte de la classe, nous cantonnant dans le regard des parents.
« Le film n'a pas le supplément d'âme de films tels que Un p'tit truc en plus »
C'est ainsi que, par son côté contenu, et bien que la description du TSA et des difficultés d'accompagnement et d'adaptation restent bien décrites, le film n'a pas le supplément d'âme de films tels que Un p'tit truc en plus - qui s'impose d'ores et déjà comme une référence. Il est pourtant volontiers vachard, assez frontal dans la description d'une famille gangrenée par l'amertume et le cynisme mais, à la fois, régulièrement en décalage avec le réel. Cela concerne aussi bien l'intervention d'une AESH à temps plein experte en méthode ABA que l'absence de questionnement d'un modèle de couple effroyablement patriarcal, au sein duquel la femme n'aurait qu'à se "démerder" - car il s'agit bien de cela -, la principale souffrance engendrée par cette séparation semblant se résumer à une jalousie toute féminine. Certains stéréotypes ont la vie dure. Par bonheur, dans ce cas-ci, ils épargnent le handicap.