Le prix de Diane

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Ciné week-end : In the Fade, de Fatih Akin (sortie le 17 janvier 2018)

Le prix de Diane

Katja perd dans un attentat son mari, d'origine kurde, en même temps que son fils. Rapidement, et à tort, la police s'oriente vers un règlement de comptes. Katja se raccroche alors à la seule chose qui la maintient encore en vie : son espoir de justice... Une descente aux Enfers sans nuance de laquelle on sauvera la sincérité de Diane Kruger.

Ce qui frappe avant tout à la vision d'In the Fade est son absence d'espoir, parti pris que Fatih Akin enfourche en chaussant d'un peu trop gros sabots. Par exemple en privant totalement le spectateur de soleil, jusqu'à la séquence finale - ce dont on n'avait pas besoin pour en saisir l'ambiguïté. Le deuil de Katja est d'emblée entravé, non pas par l'intensité de sa douleur, mais par la succession ininterrompue d'injustices auxquelles elle ne cessera de faire face durant son calvaire. Cette répétition implacable échappe miraculeusement à la caricature et recèle la principale qualité du film : son absence de concessions. Concernant son aspect politique, c'est malheureusement l'inverse...

Porte-voix d'un monde sans nuance qu'il observe avec une remarquable acuité, Akin aurait malgré tout pu, grâce au matériau ultra-documenté dont il disposait, en retranscrire la complexité. Hélas, s'll réussit sans peine à impacter émotionnellement - il faut dire le drame auquel est confrontée Katja est le plus insoutenable qui soit -, il est desservi par un scénario à la subtilité un peu trop anémique, auquel il injecte sans vergogne des paroxysmes d'outrance; la scène de la baignoire est à ce titre emblématique d'une maladresse à limite de la putasserie. 

Après Björk, Kirsten Dunst ou Charlotte Gainsbourg, Diane Kruger perpétue une tradition cannoise un peu curieuse, et ayant visiblement survécu à Lars von Trier, qui voit les actrices suppliciées régulièrement récompensées d'un prix d'interprétation. S'il y a beaucoup à redire sur le film, il faut néanmoins souligner qu'en soldat d'une guerre personnelle qui l'habite entièrement sans possibilité de désertion, elle impressionne.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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