Le péril jeune, l’affaire des vraies-fausses écoutes

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En direct des couloirs du pouvoir, lÀ o`u tout se décide dans l’ombre du silence, certains tentent de trouver la solution pour sortir de la panne de secteur...

Le péril jeune, l’affaire des vraies-fausses écoutes

« Tu veux pas soigner gratis mon pote ? Allez… en échange, j’t’installe d’office dans la pampa ! »
L’éminence grise :
« Écoutez, Madame la Ministre, j’ai LA solution à tous vos problèmes.
Les jeunes.
Oui, Madame la Ministre,
les jeunes... Il faut cibler les jeunes !
J’ai vérifié, nous avons le soutien unanime des parties prenantes.
Les syndicats libéraux sont prêts à lâcher du lest sur l’installation en secteur 2, pourvu qu’on ne touche à rien de ce qui existe actuellement les concernant.
Moyennant une revalorisation des tarifs opposables, certains sont mêmes prêts à faire passer ça dans la convention. Les syndicats de généralistes, eux, n’attendent que ça. Pensez donc, ils sont tous en secteur 1. Bien sûr, il faudra faire une ou deux concessions, notamment à Paris où la situation est tendue. Mais dans l’ensemble, on y gagne sur tous les tableaux.
Vous comprenez ?
Et, encore plus fort, j’ai obtenu le soutien sans faille du conseil de l’Ordre. Ils vont publier une proposition de réforme de l’installation pour les jeunes diplômés, et aller encore plus loin que ce qu’on imaginait, en attaquant aussi le secteur 2. C’est à n’y rien comprendre, Madame la Ministre, mais, vous savez, ne pas saisir la main tendue de l’Ordre serait tout aussi incompréhensible pour les usagers que pour les associations qui les représentent.
Je vous vois hésitante.
Réfléchissez... Madame...
Réfléchissez...
La seule chose à craindre, finalement, serait une nouvelle mobilisation des internes. Mais de ce côté-là, l’opinion ne suivra pas ! L’image des jeunes est déplorable. Finie, l’époque du bon docteur corvéable et méritant. C’est derrière nous ! Les jeunes sont considérés comme des déserteurs cupides, qui ont renoncé à leurs engagements déontologiques au profit d’une vie professionnelle permettant de cumuler vie de famille, épanouissement personnel, sans renoncer au confort financier. On remet au goût du jour l’idée selon laquelle les études de médecine coûtent cher à la collectivité et on en appelle à la solidarité.
Et hop ! Le tour est joué !
Fin de la crise...
Alors ? Ah... ? Vous ne souhaitez pas stigmatiser les jeunes ?
Trop risqué, peut-être ?
Insuffisant ?
Quoi ?... Non... Injuste ?
Bof... n’y verrons que du feu !
Trop divisés pour s’écouter, vous savez...

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