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Nouveau rebondissement dans le dossier Carmat. Le tribunal des affaires économiques de Versailles a décidé hier de renvoyer au 25 novembre l'examen de la requête en liquidation judiciaire de la société, qui est placée en redressement judiciaire depuis le 1er juillet.
Ce nouveau report a été décidé parce qu’« un nouvel appel d'offres va être lancé », avec « l'espoir d'avoir une offre concrète déposée d'ici cette date », a précisé à l'AFP le directeur général de la société, Stéphane Piat, qui n’a jamais cessé de croire en un redressement possible.
Le président du conseil d’administration de Carmat Pierre Bastid portera, avec d’autres investisseurs, une nouvelle proposition d’ici le 3 novembre, date limite de dépôt des offres de reprises.
« J'ai convaincu le tribunal qu'il y avait de bonnes raisons de ne pas prononcer la liquidation judiciaire aujourd'hui, mais cela ne veut pas dire que c'est gagné », a-t-il souligné à la sortie de l'audience.
Lors d’une première audience le 19 août, le tribunal lui avait accordé un délai supplémentaire pour finaliser sa proposition de reprise. Mais, l'offre, la seule déposée jusqu’ici, avait été jugée caduque fin septembre, Pierre Bastid n'ayant pas réussi à mobiliser les fonds à temps pour tenir les engagements de son plan de reprise.
122 patients en attente
Le cœur artificiel de Carmat est destiné aux patients souffrant d’insuffisance cardiaque terminale dans l'attente d'un cœur humain disponible pour une transplantation. Il comprend une prothèse reproduisant la forme et la fonction d'un cœur naturel et une tablette pour régler les paramètres.
Au total, 122 patients ont été traités avec cette technologie révolutionnaire qui, par le passé, a connu des défaillances techniques, dont plusieurs mortelles. Selon Stéphane Piat, il reste à ce jour dix-neuf implantés, dont treize en France.
Patrick Boitelet, 59 ans, est l’un deux. L’implantation, en novembre 2024, du cœur Carmat lui a sauvé la vie, lorsque son insuffisance cardiaque sévère, s’est aggravée subitement l’année dernière.
Désormais il peut presque tout faire comme avant, sauf voyager. Mais la potentielle liquidation de la société l’inquiète. « Je meurs avec Carmat et ça me fait mal au cœur », a-t-il lancé sur France Inter hier, juste avant la décision du tribunal.
Bien-sûr, il continuera d’être suivi, mais des interrogations persistent sur la maintenance de la prothèse, dont on ignore la durée de vie.
L’homme en veut surtout à l’État et aux investisseurs qui n’ont pas proposé d’offre de reprise. « On distribue des millions à droite et à gauche (…) J’ai du mal à comprendre », a-t-il dit. « Vu que le couperet va tomber, venez me débrancher, ce sera pareil ».
Selon des experts, Carmat a développé un dispositif révolutionnaire, mais avec un modèle d’exécution et de financement trop lourd pour un seul acteur. De plus, son utilisation restreinte ont fini par rendre son modèle économique intenable.
Avec AFP
Source:
AFP / France Inter
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