La recherche clinique avec l’industrie, pousse les médecins à quitter l’hôpital vers le privé

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La relation entre industriels et médecins est un sujet sulfureux, dont les contours semblent flous. On a fait le point à Doc en Stock, sans oublier les répercussions de ces contrats sur l'hôpital.

 

 

La recherche clinique avec l’industrie, pousse les médecins à quitter l’hôpital vers le privé

© IStock 

La recherche clinique est au cœur de l’activité clinique, mais aussi de la formation. Le sujet est touchy, les industriels sont diabolisés, surtout depuis l’apparition de la loi anti-cadeaux. Ainsi que cette interdiction de tout industriel de communiquer avec des étudiants en médecines, y compris internes et docteurs juniors.

Pourtant, si les choses sont faites dans la confiance et dans la transparence, « la relation doit être claire, visible et s’établit sur un projet et sur un contrat », comme l’explique Stéphane Boisgard, Président du CNP-COT (Conseil National Professionnel de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique). De plus l’essentiel des études faites dans un cadre hospitalier public sont « rémunérées directement à l’établissement. » Très souvent le médecin « investigateur » ne verra pas la couleur de cet argent. « L’essentiel des études cliniques passe par la DRCI (Direction de recherche clinique de l’innovation). C’est l’hôpital qui est rémunéré, il n’y a pas forcément de rémunération individuelle ».

Ce système est source de frustration pour bon nombre de PU-PH qui voient leurs hôpitaux profiter de cet argent sans aucune retombée sur leur recherche, ni leur service en particulier. « Ces contrats de recherche clinique permettent de faire des publications, rémunérées par des MERRI (SIGAPS), et rapportent beaucoup d’argent aux hôpitaux. Pour un CHU, c’est plusieurs millions d’euros par an. L’argent part dans un lac et n’est jamais retrouvé » confirme Stéphane Boisgard.

"95 % des praticiens en clinique sont libéraux, il n’y a pas de lien de subordination. Quand il y a un contrat avec un industriel, des honoraires complémentaires d’investigateur sont perçus"

Dans le privé, c’est différent. « 95 % des praticiens en clinique sont libéraux donc il n’y a pas de lien de subordination. Quand il y a un contrat avec un industriel, des honoraires complémentaires d’investigateur sont perçus. Ils sont déclarés. L’établissement est rémunéré pour la partie logistique. Le praticien est rémunéré pour la partie médicale », explique Stéphane Locret, Directeur recherche et enseignement chez Ramsey Santé.

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Ce qui explique une fuite des PU-PH de l’hôpital vers le privé. Car l’argent généré par les recherches et le travail des PU-PH ne leur revient ni à eux personnellement, sous la forme d’une prime ou autre, ni même à leur service pour financer du matériel et des projets de recherche. Il part dans les méandres des finances de l’hôpital. « C’est épineux car les médecins qui restent à l’hôpital sont là essentiellement pour la recherche clinique, sinon, ils partent. Et donc les professeurs démissionnent, alors que ça se passe bien dans le service, ça se passe bien à l’université, mais une de leur mal-être et l’accès à la recherche clinique. »

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