La médecine de catastrophe sur le pied de guerre

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Se préparer à de nouveaux attentats armés

La médecine de catastrophe sur le pied de guerre

La dernière séance des mardi de l'Académie de médecine était dédiée à la médecine de catastrophe. L'occasion de faire le point sur une médecine d'urgence largement inspirée des situations de guerre.

 

La médecine de catastrophe s’est invitée mardi à l’Académie de médecine. L’occasion pour les orateurs invités, membres de la Société française de médecine de catastrophe (SFMC), de présenter la prise en charge des victimes de fusillade et les conclusions des retours d’expérience après les attentats du 13 novembre à Paris.

Première leçon, assénée par le pétulant ex-commissaire divisionnaire Hubert Valard : il n’y a pas loin du porte-monnaie à la kalach’. Les armes sont foison dans les pays d’ex-Yougoslavie, et beaucoup sont déjà aux mains de réseaux criminels français. « Il n’y a pas et il n’y aura pas de pénurie pour les armes de guerre au noir », prévient-il. Une situation que les perquisitions sous l’état d’urgence ne risquent pas de bouleverser : seuls 26 fusils d’assaut ont été saisis à ce jour.

Une prise en charge exceptionnelle

Autre constat, positif celui-là : la prise en charge des victimes du 13 novembre a été à la hauteur. « La saturation du système de soins n’a jamais été atteinte », explique le Pr Benoît Vivien, du Samu de Paris. Au point que les hôpitaux privés et les cliniques, pourtant placés en alerte, n’ont pas été sollicités pour répondre à l’afflux de victimes. Le taux de mortalité à l’hôpital, exceptionnellement bas (1,7 % une semaine après admission), confirme ce bon bilan, malgré un total de 302 victimes.

Il faut dire que les attentats s’étant déroulés un vendredi soir, les blocs opératoires étaient disponibles pour une prise en charge dans la nuit et le week-end. Au-delà du dévouement des soignants, l’exceptionnelle infrastructure hospitalière parisienne (AP-HP et hôpitaux militaires) et l’important dispositif pré-hospitalier (pompiers et Samu) se sont avérés essentiels. « Ce sont des circonstances très favorisantes, qui ne se retrouveraient pas dans d’autres villes ou à d’autres moments », prévient le Dr Henri Julien, président de la SFMC.

Vers une véritable médecine de guerre

En ce qui concerne les premiers secours, le Pr Jean-Pierre Tourtier, médecin-chef des sapeurs-pompiers de Paris, appelle à se concentrer sur le maintien de l’hémostase. D’après les retours d’opération en Irak, la plupart des morts évitables sont dues au choc hémorragique – « sur quatre cercueils qui arrivent aux Invalides, il y en a un en trop ». Or des techniques simples suffisent souvent à maintenir l’hémostase : garrots tourniquet, pansements hémostatiques, acide tranexamique pour favoriser la coagulation, ceintures pelviennes.

En termes d’organisation pré-hospitalière, on se dirige vers un raccourcissement des circuits, explique quant à lui Benoît Vivien. Un triage médical organisé au plus près des sites d’attentat, au niveau du point de rassemblement des victimes, pourra permettre d’orienter plus rapidement les cas les plus graves vers les plateaux techniques hospitaliers, sans passer par le poste médical avancé, dès lors réservé aux urgences relatives.

Source:

Yvan Pandelé

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