Julien Sfeir, le pharmacien rappeur qui crée le buzz avec son titre “Je jette des boîtes”

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Il est l'auteur d'un clip hilarant, "Je jette des boîtes", qui remporte son petit succès sur les réseaux sociaux : le pharmacien-musicien Julien Sfeir clame son "exaspération" face au gaspillage des médicaments malgré les pénuries persistantes.

Julien Sfeir, le pharmacien rappeur qui crée le buzz avec son titre “Je jette des boîtes”

© Julien Sfeir - Youtube 

 

"Encore un sac plein, un sac qu'on me ramène. C'est le vingtième sac en même pas une semaine. Il y en a des millions pour qui cela pourrait changer la vie". Dans un registre "pop urbaine électro", Julien Sfeir campe dans un clip diffusé en février sur Youtube un pharmacien à bout de nerfs au comptoir.

"Mon exaspération, elle ne vient pas vraiment du fait qu'on ne puisse pas recycler. Elle vient du fait qu'on gaspille", explique à l'AFP le jeune apothicaire, employé à temps partiel dans la pharmacie de la gare d'Angers pour lui permettre de s'adonner en parallèle à la musique.

Un pharmacien agacé car les Français ne prennent pas conscience de leur système de santé 

Le trentenaire participe à la grève des pharmaciens ce jeudi pour réclamer des revalorisations financières mais aussi alerter sur les pénuries de médicaments.

"Tu as la carte vitale, tu crois que t'es illimité ?" Dans son clip, qui cumule plus de 80 000 vues sur internet, il s'agace aussi face à "des patients qui se plaignent en permanence".

"Les gens ne se rendent peut-être pas compte de la chance qu'on a en France et qu’il y a plein des pays qui n'ont pas ces médicaments", comme le Liban, où vit une partie de sa famille, frappée par les pénuries, se révolte le pharmacien angevin de 35 ans.

Un morceau caricatural qui pointe du doigt une réalité

Il a bien tenté de collecter des médicaments pour le pays du cèdre mais s'est "heurté à la loi" : la redistribution humanitaire des médicaments non utilisés est interdite depuis fin 2008.

C'est ce "contraste" que Julien Sfeir veut mettre en avant dans un morceau "hyper caricaturé peut-être, mais qui touche exactement du doigt ce qui se passe".

Son titre retranscrit son quotidien de pharmacien

La veille de sa composition, il se souvient qu'un patient lui a rapporté "une dizaine de boîtes d'insuline qui n'ont jamais été ouvertes".

Alors il a jeté ces boîtes à 80 euros chacune dans un réceptacle dédié, comme sont tenues de le faire les officines, toutes chargées de collecter les médicaments périmés ou non utilisés par les patients.

Et comme le ressasse le refrain de la vidéo grinçante, il continue d'en jeter à contre-coeur: "Je jette des boîtes, je jette des boîtes, je jette, jette, jette, jette, jette des boîtes".

Beaucoup d'anti-douleurs, mais aussi, comme il le constate dans sa vidéo pamphlet, "des sirops par milliers et plein de comprimés, les autres n'ont qu'à crever".

Un nouveau titre à venir, pour encore dénoncer

Vêtu d'un plastron orné de boîtes de médicaments, signé de la couturière Françoise Simonneau, l'artiste a tourné son clip tout en audace, un dimanche dans la pharmacie de son oncle en Vendée, aux côtés de ses préparatrices qui jouent les figurantes et entouré d'étudiants en pharmacie qui dansent sur une chorégraphie mécanique. Julien Sfeir n'en est pas à son premier projet musical.

Son diplôme de pharmacien en poche en 2012, il part en Angleterre travailler dans un bar pour "perfectionner son anglais" en vue de composer des chansons. De retour en France, il remporte un concours de France Bleu, Les talents du Mans, en 2014, qui lui permet de se produire en première partie de Catherine Ringer, Yodelice et Irma.

Ce père d'un petit garçon a sorti plusieurs chansons, comme "Je t'emmerde", "La Com'" ou encore, dans un tout autre genre, "Parasite" sur les sans-abris. Il travaille sur un prochain titre dédié à la place des femmes dans le monde.

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Halte au gaspillage

Avec "Je jette des boîtes", qu'il décrit comme "une révolte contre le gâchis", celui qui a consacré sa thèse à comparer le pouvoir antibiotique d'huiles essentielles et de l'amoxicilline sur les angines blanches, espère "nous responsabiliser".

"C'est un super système qu'on a en France. Il faut le préserver et on se doit tous d'être responsables, patients, médecins et pharmaciens".

Et "cela peut être intéressant que les patients se rendent compte du coût de l'ordonnance pour éviter potentiellement le gaspillage", glisse-t-il.

  Avec AFP

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