Internat de La Timone : la sécurité en question

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Porte et voisinage

Internat de La Timone : la sécurité en question

Les tirs de carabine sur les internes de La Timone sont l’aboutissement de conflits qui agitent l’internat depuis plusieurs années, et qui mettent ses occupants en danger.

Les évènements graves du 3 août auraient facilement pu virer à la tragédie, lorsqu’un voisin de l’internat de La Timone a tiré une dizaine de coups de carabine à plomb sur une quarantaine d’internes. Bilan : une interne en médecine légèrement blessée au dos, et un interne en pharmacie gravement touché au cou. Heureusement, il a été pris en charge rapidement et, même s’il a du subir une intervention et une hospitalisation lourdes, il a survécu.

Le tireur, un voisin, aurait été excédé par le bruit causé par les internes, qui avaient organisé un barbecue dans le jardin de leur internat. Un conflit de voisinage qui date, mais pour lequel aucune solution n’a encore été trouvée.

Un conflit sans représentants

« C’est un sujet récurrent », explique à What’s up Doc Arnaud Vanneste, directeur adjoint de l’AP-HM. « Une réunion avait déjà été organisée en mai 2015. Depuis, beaucoup d’échanges ont eu lieu ». Plusieurs fois par mois, des voisins sollicitent l’administration à ce sujet. « Lorsqu’il y a un problème, le cadre de garde est prévenu, un maître-chien fait une ronde et demande de réduire le bruit. Jusqu’à cette réaction totalement disproportionnée, cela fonctionnait », ajoute-t-il.

« Nous avons pris des mesures pour limiter ces conflits, et les internes ont joué le jeu », confirme Ahmed-Ali El Ahmadi, président du Syndicat autonome des internes des Hôpitaux de Marseille (SAIHM). Il explique que le syndicat tente depuis longtemps de rencontrer le comité de quartier. En vain, appuie Arnaud Vanneste : « Les internes demandent à voir un interlocuteur du comité de quartier, mais celui-ci n’a jamais désigné de représentant ». Dès son retour de congés, le maire de secteur devrait être sollicité par l'administration.

Une situation bloquée depuis des années, entre un internat qui héberge 130 personnes et un voisinage que seule une petite rue sépare. Les balcons des habitations se trouvent à une dizaine de mètres du jardin et de la piscine de l’établissement. Une clôture a été construite, mais les derniers évènements en ont montré les limites.

 


Source : Google maps

D’une tentative de viol à une tentative d’homicide

« Nous travaillons sur le long terme pour sécuriser l’internat », affirme Arnaud Vanneste. Les possibilités seront étudiées et des travaux réalisés dans les semaines à venir, ajoute-t-il.

Ces travaux de sécurité ne concerneront pas uniquement les relations avec les voisins. Le 9 juillet 2017, deux femmes avaient été agressées par un homme jeune, dans l’enceinte de l’internat. L’une d’elle avait été bousculée et avait réussi à s’échapper, mais la seconde avait été violemment attaquée.

« L'homme l'a suivie, l'a frappée au visage et a tenté de la violer à quelques pas de sa chambre », avait alors rapporté le SAIHM. « La victime souffre, en plus du traumatisme psychique, de multiples plaies de la face, fractures des os du crâne et d'une hémorragie intracrânienne ».

L’internat-moulin de La Timone

En marge de cet évènement, un problème récurrent : la porte d’entrée. Elle dysfonctionne depuis longtemps, et il n’est pas inhabituel de voir des sans-abris, des patients ou simplement des passants dans les cages d’escaliers ou ailleurs dans l’enceinte de l’internat.

Aussitôt réparée, aussitôt en panne. À la suite des tirs, elle a une nouvelle fois été réparée ce lundi, annonce Arnaud Vanneste. Pour être visiblement à nouveau forcée quelques heures plus tard… Elle devrait être complètement remplacée dans les jours qui viennent, assure le directeur adjoint de l’AP-HM.

Les évènements du 3 août auront peut-être permis de faire bouger un peu les choses à La Timone. Il est néanmoins regrettable qu’il ait fallu les attendre pour réagir.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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