iDoctor… bon d’accord

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iDoctor… bon d’accord

« Euh oui, docteur, mais moi, j’aimerais bien vous voir quand même…
- Pas de problème, suis dispo à 16 h pour une conf-call, parce que j’ai une RCP on line à 17 h, et ma télé-contre-visite du CHG du Trou à 18 h. Au fait, Z’avez bien vot’e webcam que je vous télépalpe ? »
Aïe ! Le nouveau télétoubib risque de ne pas plaire à tout le monde ! À commencer par les patients qui pourraient nous reprocher un léger changement de pratique dans notre hippocratique relation médecin-malade. Encore que, moins présents mais plus joignables, nous allons sans doute vivre une révolution de notre métier.
La téléconsultation, objet de tous les fantasmes médico-industriels, repose sur le principe de la consult’ à distance. Nous d’un côté de la caméra, le malade de l’autre côté de son ordinateur.

Premier hic, elle ne répondrait pas à un besoin réel de santé publique. Au contraire, elle créerait des besoins et pourrait faire exploser les dépenses de santé si ces consultations-là étaient prises en charge par la Sécu.
De fait, elle n’est actuellement autorisée qu’entre structures de soins. Oublions donc notre nouveau contrat avec un opérateur téléphonique pour développer ce super central d’appel pour les malades… la Sécu a refusé la hotline médicale.

Par contre, la téléexpertise et la téléassistance qui répondent, elles, à des problématiques d’isolement médical, d’accessibilité à toutes les spécialités peuvent être utilisées, mais toujours uniquement entre établissements de santé. Un dermatologue peut aider un gériatre à choisir son pansement d’escarres (téléexpertise) ou un chirurgien digestif peut demander à être assisté pendant son intervention par un vasculaire pour une greffe hépatique compliquée (téléassistance)…

L’archivage des données améliore le suivi et la prise en charge sur la lancée de la carte Vitale. La carte de professionnel de santé (CPS) et le dossier médical personnel (DMP) ne sont pas encore généralisés. La CPS identifie le prescripteur, maillon indispensable du paramétrage à distance. Le DMP prévoit d’intégrer dans la carte Vitale l’historique des soins, consultable par le patient et les professionnels de son choix. Face à un vacancier confus au SAU ? Plus de problème d’antécédents, à condition d’avoir son DMP sous la dent : traitements, bio, imagerie, consult…
L’interrogatoire en prend un coup, mais les infos seraient plus fiables et plus rapides. En plus, fini le nomadisme médical, la redondance d’exams pourrait disparaître aussi ! Seulement voilà, on ne comptait encore que 56 000 DMP en décembre 2011, dont 51,5 % dans les établissements publics. Pour l’heure, ce sont les médecins libéraux qui les utilisent le plus. Pas sûr de percevoir un grand changement avec si peu de patients…

La domotique de santé optimise la prise en charge ambulatoire. Le télésuivi trouvera sa place grâce aux 12 millions d’appareils connectés en 3G/Wifi en France. Des frais de transports, des consultations de contrôle itératives pourraient être évités, à condition que ces appareils soient bon marché et que nos patients en soient informés pour bien savoir les utiliser.

La e-santé, ça se mérite !

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