Grèce : Médecins du Monde dénonce les attaques contre les réfugiés

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À la suite de l’ouverture des frontières de la Turquie et de l’annulation du droit d’asile par les autorités grecques, la vie de nombreux réfugiés est en danger, selon Médecins du monde.

Grèce : Médecins du Monde dénonce les attaques contre les réfugiés

La Turquie annonçait le 28 février dernier l'ouverture de ses frontières, agitant la menace de l’arrivée de « millions » de migrants en Europe au moment où Ankara cherche un appui en Syrie. Une décision justifiée par son incapacité à faire face à une nouvelle vague migratoire, alors que près d'un million de personnes déplacées par l'offensive du régime syrien à Idleb sont massées à la frontière turque.
 
Selon Médecins du monde (MDM), l’Europe s’est montrée sous son plus mauvais jour dans la gestion de ces réfugiés. Car, si les autorités turques « se servent de ceux qui souffrent pour faire pression sur l’Union européenne », pendant ce temps-là, « les autorités grecques annulent illégalement le droit d’asile et l’UE autorise la violation de traités internationaux qu’elle est censée garantir. »
 
Une suspension du droit d’asile que l’ONG qualifie d‘« inhumaine et illégale » car elle met en danger des vies humaines et exposera le pays à des sanctions internationales. En effet, la loi sur les procédures d’octroi d’asile votée par la Grèce le 31 octobre 2019 facilite l’expulsion des demandeurs d’asile, soit vers leur pays d’origine, soit vers le pays d’entrée sur le territoire européen, ce qui est contraire au droit fondamental à l’asile prévu dans la Convention de Genève.

Vies en danger

« Cette législation doit être retirée immédiatement. Nous devons cesser de renvoyer des personnes vers des endroits où leurs vies sont en danger », a déclaré Eugenia Thanou, directrice générale de Médecins du Monde Grèce. Les conséquences sont en effet les suivantes : « Les personnes piégées aux frontières de l’Europe sont victimes d’attaques et subissent des mauvais traitements ». Dans les villes turques où se trouvent des réfugiés, l’eau, la nourriture et les services de santé ne sont pas accessibles. Les enfants seraient en grande vulnérabilité.
 
À cela, il faut ajouter le fait qu’en Grèce, le comportement extrémiste observé par des civils, l’armée et la police à l’encontre des réfugiés et des organisations humanitaires est très alarmant, selon MDM qui ajoute, par la voie de son porte-parole : « Alimenter la suspicion et répandre la haine contre les initiatives de solidarité est irresponsable et dangereux ».
 
Pour l’ONG, la rhétorique du « bouclier » maintenue par la Commission européenne n’aide pas dans ce contexte. Il serait plus utile de « mettre en place des mécanismes urgents, équitables et rationnels pour relocaliser dans d’autres pays de l’UE les demandeurs d’asile qui se trouvent en Grèce ».

Situation désastreuse à la frontière turque 

En attendant, il est urgent de répondre aux besoins humanitaires tant de ceux qui arrivent au large des côtes grecques que de ceux qui demeurent dans les centres surpeuplés des îles, selon MDM. « Le désencombrement de ces centres par la relocalisation des demandeurs d’asile dans d’autres pays européens doit être une priorité, surtout dans le cas des mineurs. »
 
La situation est aussi désastreuse dans les régions de Turquie proches de la frontière grecque, comme Edirne, où les réfugiés dorment dans la rue, sans aucune mesure de protection. « Dans les installations provisoires et précaires, il n’y a aucun service de santé, ce qui est pourtant urgent. Il n’y a pas non plus d’accès à l’eau potable et à la nourriture. Il y a des besoins urgents, notamment pour les enfants réfugiés », conclut l’ONG.
 

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