Envieuse et contre tous

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Ciné week-end : Jalouse, de D. et S. Foenkinos (sortie le 8 novembre 2017)

Envieuse et contre tous

Une sémillante quinquagénaire est confrontée, suite à la majorité de sa fille, à la douleur de la perte de sa jeunesse passée... Malgré Karin Viard, Foenkinos rate totalement son ambition d'être le La Bruyère contemporain en signant un portrait... sans caractère !

Le défaut principal de Jalouse, film à l'écriture assez fade, au scénario qui se traîne et à l'intérêt qui s'enlise, reste de ne pas sonner juste. Le sujet, trop creux et banal, condamne le film à rester en surface en raison de l'incapacité de ses réalisateurs à franchir une ligne, que ce soit dans l'absurde ou la férocité. Les situations, soit trop éculées soit trop incongrues, s'empilent et ont en commun de n'être qu'esquissées. Les personnages, sans consistance, vivent à peine. Tout au plus évoluent-ils autour de Nathalie, jouée par une Karin Viard qui, malgré sa maîtrise du personnage en mode vernis prêt à craquer, finit par nous perdre elle aussi.  

Rarement titre a été aussi mal choisi, car l'on se rend compte bien vite que ce dont souffre cette professeure qui se met à ne plus supporter son entourage à qui elle croit que tout réussit, en particulier sa fille, est très éloigné de ce "vilain défaut" à qui les comédies comme les thrillers psychologiques doivent tant. Il est stupéfiant d'associer à un trait de caractère qu'on sent mené vers le registre de l'hystérie une situation aussi douloureuse que la dépression. Car cette irritabilité couplée à l'anesthésie affective qui s'abat sur Nathalie en est un aspect typique et souvent redoutable puisque c'est lui qui catalyse l'isolement, à la fois volontaire et subi, de celui qui en souffre. 

Pendant une bonne partie du film, tout le monde passe à côté, excepté le personnage a priori le plus éloigné - la deuxième femme de l'ex-mari. Qui pourrait croire, en effet, qu'une femme cinquantenaire qui se met brutalement à changer doit cela à autre chose qu'à l'aigreur ou à la ménopause ? Alors, abandonnée à son triste sort et condamnée à s'en sortir seule, Nathalie contamine de sa tristesse et de ses errances l'écrivain qui lui a donné vie, donnant au final un film qui part de bien peu pour se rendre nulle part.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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