L’idée d’un service médical obligatoire, comme proposé par la députée Géraldine Bannier, ne plaît pas au Premier ministre, qui tient au caractère volontaire des programmes d'exercices en zone-sous dotée.
Dans son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, a dit vouloir travailler à "un programme nouveau, nommée « Hippocrate » par lequel les internes, français et étrangers, s'engageraient volontairement, pour une période donnée et grâce à l’accompagnement de l'État et des collectivités, à exercer dans les territoires qui manquent le plus de médecins".
"Cela me rappelle le contrat d'engagement de service public (CESP) dans lequel on peut s'engager à partir de la deuxième année de médecine, jusqu'à la dernière année d'internat, pour justement exercer dans des zones sous-denses, contre une rémunération mensuelle supplémentaire", a rapidement réagi auprès de l'AFP le président de l'Intersyndicale nationale des internes, Killian L'helgouarc'h.
Présenté ainsi, "ça fait un peu effet d'annonce", mais "on peut le faire évoluer" pour que ce contrat soit "beaucoup plus personnalisé" et mieux "suivre l'étudiant dans son projet professionnel", poursuit-il, mettant "un point d'honneur à ce que cela reste volontaire".
Enfin une loi infirmiers-infirmières
Devant les députés, Michel Barnier a aussi promis de poursuivre "l’effort engagé" pour former plus de médecins.
L'ex-Premier ministre Gabriel Attal avait promis de recruter 12 000 étudiants en deuxième année de médecine dès 2025 - au lieu de 10 800 en 2023 - puis 16 000 à partir de 2027, un objectif que les doyens de facultés médecine ne jugent "pas réaliste".
"Mon gouvernement vous proposera aussi d'accélérer l’accès aux soins grâce à une loi « infirmières, infirmiers », qui ira plus loin dans la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences et leur donnera un rôle élargi", a encore déclaré M. Barnier.
Une annonce "très bien accueillie" par le SNIIL, syndicat des infirmiers libéraux, qui défend depuis un an une refonte de la profession.
Une proposition de loi sur le sujet, portée par une députée de l'ex-majorité, était presque finalisée au printemps, avant d'être stoppée par la dissolution.
"Nous sommes donc extrêmement satisfaits de l’écoute et du pragmatisme du Premier ministre face à une situation d’urgence", a réagi la présidente de l'Ordre des infirmiers, Sylvaine Mazière-Tauran, appelant dans l'attente l'exécutif à publier des décrets attendus, qui doivent notamment ouvrir l'accès direct et de nouveaux droits de prescription pour les infirmiers en pratique avancée (IPA).
Plus de compétences, moins de « paperasse »
Michel Barnier a également dit vouloir aller "plus loin" vers l'extension des compétences des "pharmaciens et des kinésithérapeutes", une déclaration saluée par l'un des principaux syndicats de kinés, le FFMKR.
Matignon projette encore de faire appel aux "médecins retraités", avec des conditions de cumul emploi-retraite plus favorables, et de "s’attaquer à la simplification et à la suppression" de la "paperasse", qui complique le travail des soignants.
Il a enfin promis "d'investir" dans la "prévention", notamment "des comportements à risque, l'intensification des dépistages, le développement du sport-santé", rappelant enfin sa volonté de faire de la santé mentale la "grande cause nationale" 2025.
Le président de la Mutualité Française Éric Chenut a salué plusieurs propositions portées par la fédération, mais a souligné "une grande absente" du discours de politique générale : la question de la dépendance des personnes âgées.
La Mutualité Française milite depuis longtemps pour instaurer une "couverture dépendance" généralisée et obligatoire, alors qu'une personne sur 10 en en possède une actuellement.
Avec AFP