Dr Cécile Feltin (@psychiatrie.sans.filtre), la pédopsy qui veut réconcilier la santé mentale et le grand public

What's up Doc : Quel est votre parcours professionnel et quelle a été votre motivation initiale pour rejoindre les réseaux sociaux ?

Cécile Feltin : Mon cœur de métier c'est la pédopsychiatrie mais je suis psychiatre adulte aussi. J'ai travaillé pendant plusieurs années au CHU après mon internat. Et puis il y a un an et demi, j'ai quitté le CHU pour m'installer en libéral avec deux autres collègues. Nous avons monté un petit centre de consultation pour enfants, adolescents et jeunes adultes, près de Rouen.

J’ai eu envie de me lancer sur les réseaux il y a un an et demi. J’ai deux de mes très bonnes amies qui vivent en partie des réseaux sociaux, mais qui ne viennent pas du milieu médical. De mon côté, je voulais surtout déstigmatiser la santé mentale. Au 1^er janvier 2025, une de mes résolutions, c’était de me lancer et c’est ce que j’ai fait ! J'ai créé mon compte Instagram le 2 février exactement.

Je suis très contente parce que j'ai de plus en plus d'abonnés, en quelques mois ! 

Je pense que ce qui attire les internautes, c’est que je parle de santé mentale en général. On sait qu’une personne sur quatre y sera confrontée dans sa vie. C’est un sujet qui touche énormément de monde. 

Une de mes motivations, c’est aussi d’humaniser la psychiatrie. Être psychiatre, ce n’est pas juste poser un diagnostic et prescrire des médicaments. On accompagne nos patients.

« J'illustre tous mes posts moi-même. J'ai eu plein de retours sur le fait que c'est agréable à regarder, parlant et imagé »

Comment procédez-vous ?

CF. J’ai une tablette pour dessiner mes publications. Mais je l’avais achetée avant de me lancer sur les réseaux sociaux. Après, j'ai fait quelques vidéos et pour cela, on a loué un studio de podcast vidéo. J’ai envie que la qualité soit là mais je n’ai pas ce besoin d'acheter du matériel à la maison.

Comment conciliez-vous votre métier et votre présence en ligne ?

CF. J'illustre tous mes posts moi-même. J'ai eu plein de retours sur le fait que c'est agréable à regarder, parlant et imagé. Cela me prend du temps, mais j'aime beaucoup dessiner. Quand j'étais à l'hôpital, j'avais un rythme de travail très important. Aujourd’hui, je ne consulte que 3 jours et demi et je consacre deux après-midis par semaine à la création de contenu.

« Je fais attention à la déontologie, je ne veux pas faire de la médecine-commerce »

Quel accueil avez-vous reçu (patients, confrères et hiérarchie) ?

CF. J’ai beaucoup de patients ou de parents de patients qui me suivent. Plus que je n’aurais pensé. Ils interagissent beaucoup avec mon contenu et je trouve ça génial ! Ce n’est pas du tout quelque chose dont j'ai honte.

Des confrères m’ont « avertie » sur la nécessité de faire attention à la déontologie, sur ce que je devais poster ou ne pas poster, sur les potentielles collaborations, etc. Et ils ont raison, je ne veux pas faire de la « médecine-commerce ».

Maintenant que je suis en libéral, j’ai beaucoup moins de contacts avec des confrères donc s’il y en a qui font des remarques, ça n’arrive pas jusqu'à moi.

Gagnez-vous de l’argent grâce à votre activité ?

CF. J'ai répondu à des propositions de collaboration, donc oui. Ma première collaboration s’est faite avec Doctolib. J’ai touché 350 €. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/sophie-helene-zaimi-thefrenchradiologist-la-radiologue-qui-vulgarise-limagerie-et-la-vie

Quels partenariats refusez-vous ?
CF. Il y a pas mal de demandes auxquelles je ne donne pas suite, souvent car c’est hors sujet (comme des compléments alimentaires).

Quelle est votre vision à long terme ?

CF. Je me vois bien continuer mon compte Instagram, toujours faire des dessins pour illustrer mes publications et parler des sujets qui me touchent. Après, je n’ai pas envie d’empiéter sur mon exercice. J’y ai déjà dédié deux demi-journées par semaine, je pourrais libérer encore un peu de temps pour la création de contenu, mais pas beaucoup plus. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/magazine/69