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« J'étais un cadavre », a décrit à la barre la femme de 36 ans qui affirme que, depuis deux ans, sa vie lui « a totalement échappé ».
Entourée de ses proches, la jeune femme a passé la première journée d'audience le regard fixé vers la cour, égrainant continuellement un chapelet argenté entre ses mains.
L'accusé, Faid Abdellah, originaire de Jordanie, comparaît jusqu'à mardi devant la cour criminelle pour viol sous l'emprise de stupéfiants et d'alcool, vol et escroquerie.
Les faits reprochés remontent au 28 octobre 2022. À 4h17 du matin, les services de police étaient requis pour une intervention à l'hôpital Cochin (15e arrondissement), alors qu'un homme, suspecté d'avoir violé une patiente endormie, avait pris la fuite.
« Un homme souriant au regard machiavélique »
A la barre, la victime a raconté avoir consommé ce soir-là « un verre de vin, deux cocktails très chargés et un shot » dans un bar parisien qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Le ventre vide, elle explique avoir ensuite eu un malaise, puis avoir chuté, avant d'être conduite à l'hôpital Cochin.
Sur place, la jeune femme s'était endormie dans son box alors qu'elle attendait un examen médical.
« Je me suis réveillée devant un mur blanc et j'ai compris que j'étais à l'hôpital », a-t-elle poursuivi, indiquant avoir été réveillée par « la douleur ».
« J'ai regardé devant moi et là, j'ai vu une scène d'horreur, extrêmement choquante, surréaliste », a-t-elle détaillé.
Un homme, debout, avait « sa main et deux ou trois doigts enfoncés au fond de mon vagin et il faisait des allers-retours extrêmement forts et rapides », a-t-elle décrit. Elle se souvient aussi de ses collants déchirés au niveau de l'entrejambe.
Si elle n'est pas de nature à se « laisser faire », elle dit être restée « stoïque », et qu’elle n’oubliera jamais l'homme « souriant au regard machiavélique ».
Son agresseur avait ensuite pris la fuite, emportant sa carte bancaire.
L’accusé a d’abord nié, puis reconnu les faits
« Je me sens humiliée et souillée », a-t-elle déclaré, estimant possible d'avoir également été victime d'une pénétration pénienne, au regard de sa position, « jambes écartées » et malgré l'absence de souvenirs.
L’accusé, Faid Abdellah, avait été arrêté vers 5h00 du matin non loin de l'hôpital. Un dépistage urinaire démontrait qu'il avait consommé de la cocaïne ainsi que du cannabis.
Pendant presque toute l'audience, l'accusé de 24 ans, qui affirme être arrivé en France en 2019, a gardé la tête entre ses mains, fondant en larmes plusieurs fois et répondant à la cour tantôt en arabe aidé d'une interprète tantôt dans un Français approximatif.
Nationalité, âge, membres de sa famille... Experts psychiatre, psychologue et enquêteurs ont dressé le portrait d'un homme au « récit incertain et fluctuant », tant sur le déroulé des faits que les éléments de sa vie personnelle.
« J'ai trop menti, mais aujourd'hui je n'ai plus rien à cacher », a-t-il toutefois assuré, présentant ses excuses à la victime et sa famille.
Il sera interrogé sur les faits mardi matin. Il les avait d'abord contestés, avant de les reconnaître à la toute fin de l'instruction.
Faid Abdellah, soumis à quatre obligations de quitter le territoire français (OQTF) depuis 2019, avait été condamné en 2021 à un an de prison assorti d'un mandat de dépôt pour vol avec violences.
Avec AFP
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