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Le phénomène prend de l’ampleur outre-Manche. En 2024, plus de 4 000 médecins britanniques ont quitté le National Health Service (NHS) pour aller exercer à l’étranger, un record depuis une décennie selon The Telegraph. La destination préférée ? L’Australie, où les praticiens bénéficient de meilleures rémunérations et d’un équilibre vie privée-vie professionnelle jugé plus favorable. Le Canada et l’Irlande attirent également de nombreux candidats au départ.
10 685 demandes de départ de médecin en 2024 au Royaume-uni
Cette hémorragie est attestée par les chiffres du General Medical Council (GMC), l’organisme qui délivre les certificats nécessaires pour exercer à l’étranger. En 2023, 8 661 demandes avaient été déposées, un nombre déjà inédit. En 2024, le record a été battu : 10 685 demandes, signe d’un malaise profond.
« Les médecins sont confrontés à des difficultés liées à l’épuisement professionnel, à une charge de travail élevée et au stress lié au fait de ne pas pouvoir fournir des soins de qualité », explique une chercheuse citée par The Telegraph. Lord Ara Darzi, chirurgien et auteur d’un rapport sur l’avenir du NHS, évoque quant à lui « l’état critique » d’un système de santé miné par les conflits sociaux et la difficulté à former les jeunes praticiens.
La conséquence est double : le NHS dépend de plus en plus de médecins venus de l’étranger (près d’un tiers des effectifs actuels), tandis que ses propres praticiens s’en vont grossir les rangs des hôpitaux australiens, canadiens ou suisses.
15 % des médecins français envisagent une expatriation
En France, aussi, le sujet est préoccupant. Selon l’OCDE, relayée par la Fondation iFRAP, au moins 4 137 médecins à diplôme français exerçaient dans un autre pays membre de l’organisation en 2020. En tenant compte des États-Unis, où plus de 600 praticiens français sont installés, le total dépasserait 4 800. La Belgique et la Suisse concentrent à elles seules plus de la moitié de cet effectif, avec une progression impressionnante en dix ans : +84 % pour la Belgique, et un triplement pour la Suisse.
Et les intentions ne manquent pas : une enquête Medscape réalisée en 2021 révélait que 15 % des médecins français envisageaient très sérieusement l’expatriation. Salaires, conditions d’exercice, perspectives d’avenir… les raisons font écho à celles avancées par leurs homologues britanniques.