"C'est une crise particulière, il y a beaucoup de blessés et beaucoup de besoins en anti-douleurs très puissants"

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Des caisses de médicaments pour la médecine de guerre : dans un entrepôt en région parisienne, des bénévoles empaquettent avec une précision extrême anesthésiants et antidouleurs, qui vont partir très rapidement vers l'Ukraine.

"C'est une crise particulière, il y a beaucoup de blessés et beaucoup de besoins en anti-douleurs très puissants"

Cet entrepôt, proche de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, appartient à Tulipe, une organisation française créée il y a tout juste 40 ans par la fédération des entreprises du médicament, afin de fédérer les dons en médicaments des laboratoires vers les pays en crise.

Récemment, l'organisation s'est mobilisée pour l'Afghanistan. Mais cette fois-ci, elle travaille pour un conflit qui se déroule à quelques heures seulement, sur le même continent. Et dans ce cas, les autorités ukrainiennes ont lancé un appel pour recevoir des médicaments nécessaires à la médecine de guerre, souligne Alexandre Laridan, le directeur des opérations, avec des besoins accrus en antalgiques forts.

"C'est très rare qu'on ait besoin d'autant d'injectables, de pansements, autant d'outils pour les opérations chirurgicales", reconnaît-il.

"C'est une crise particulière, il y a beaucoup de blessés et beaucoup de besoins en anti-douleurs très puissants", abonde Anne Carpentier, la pharmacienne responsable de Tulipe.

"Nous avons eu pour la première fois une demande du centre de crise du ministère des Affaires étrangères pour de la morphine injectable", explique-t-elle ainsi. Un produit très sensible, envoyé en Ukraine sous protection des autorités françaises.

Ici, plus généralement, chaque médicament donné par les laboratoires est enregistré scrupuleusement. Tulipe a le statut d'établissement pharmaceutique car 50 tonnes de médicaments transitent par l'organisation chaque année.

« On a une pensée pour ces gens, ces enfants, ces personnes âgées. Quand on voit ces cathéters et ces crèmes anti-brûlure »

"Quel est le numéro de lot ?", vérifie la pharmacienne, le nez sur ses listes, avant de lancer sur un tapis roulant un carton de poches de glucose.

Le long de cette chaîne, plusieurs bénévoles, qui travaillent tous dans des laboratoires pharmaceutiques, s'activent pour remplir les cantines bleu vif dressées devant eux. Après les malles de médicaments pour adultes, ils préparent désormais les cantines pédiatriques.

A l'intérieur de ces malles, on trouve des sirops, des anti-douleurs bien connus des parents, des produits pour l'asthme, mais aussi des crèmes contre les brûlures.

"Il y a ce qu'il faut aussi bien pour les soins d'urgence que pour les soins habituels : des gants stériles, des systèmes d'injection de médicaments", détaille Anne Carpentier.

"Cela nous attriste de voir qu'il y a besoin de ces produits mais d'un autre côté, on se sent vraiment utiles, on se dit qu'on va aider au traitement des enfants sur place, qui sont dans la détresse", souligne-t-elle.

Les enfants ne sont en effet pas épargnés : plus de 70 d'entre eux ont déjà été tués et plus d'une centaine ont été blessés dans ce conflit, selon les autorités ukrainiennes. Tandis que la guerre a déjà provoqué le départ de plus de 2,3 millions de personnes.

Il faut donc approvisionner les équipes médicales en Ukraine même, mais également dans les pays limitrophes.

Pour être sûr d'atteindre ses cibles, Tulipe ne fonctionne qu'avec des listes envoyées par les bénéficiaires, sur place, qui savent quels sont les besoins réels. Les envois peuvent être faits via la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, ou au travers d'ONG agréées au préalable.

"On a déjà envoyé 10 tonnes de médicaments à l'Ukraine, et nous sommes en passe d'envoyer 10 autres tonnes", comptabilise Alexandre Laridan . En tout, près de 110 cantines devaient être préparées en une seule journée, "cela représente 60.000 patients".

Des camions partent régulièrement vers l'Ukraine mais aussi la Pologne ou la Moldavie, où sont localisés les réfugiés.

Et cela risque de durer, projette Anne Carpentier. Car après la médecine d'urgence, il faudra rester présent pour les maladies du quotidien, qui ne disparaissent pas avec le conflit, dans un système de santé qui tente comme il peut de résister.

Derrière une cantine qu'elle remplit méticuleusement, Corinne Flouvat, qui travaille dans un laboratoire italien, est venue donner de son temps à l'organisation.

"On a une pensée pour ces gens, ces enfants, ces personnes âgées. Quand on voit ces cathéters et ces crèmes anti-brûlure, on ne pensait jamais que l'Ukraine en arriverait à cela", soupire-t-elle.

Avec AFP

 

 

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