Budget de la Sécu : ceinture pour tout le monde, sauf les médecins

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Le PLFSS 2017 épargne la profession

Budget de la Sécu : ceinture pour tout le monde, sauf les médecins

Le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2017 a été adopté hier par le gouvernement. Il sera amendé par les parlementaires, mais on peut d’ores et déjà dire que les médecins sont plutôt bien lotis.

 

Il existe un consensus chez les professionnels de santé : il faut faire des économies, surtout chez les autres. Pour 2017, chacun sait désormais à quelle sauce il risque d’être mangé. Le gouvernement a en effet adopté hier en Conseil des ministres son PLFSS. Un constat s’impose : les médecins s’en sortent bien.

Si l’on écoutait Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), on serait tenté de croire l’inverse. « Les médecins libéraux font encore les frais du plan d’économie du gouvernement », écrivait-il en début de semaine dans un communiqué. Et le patron du principal syndicat de libéraux de pointer les 4 milliards d’euros d’économies prévus dans le PLFSS 2017.

Un bon cru pour les libéraux comme pour les hospitaliers

L’analyse est assez gonflée, car ces 4 milliards épargnent en réalité assez largement la médecine de ville. La convention médicale, conclue au mois d’août sans la CSMF, prévoit même des revalorisations à hauteur de 1,3 milliard d’euros par an. Certes, l’ensemble des mesures ne prendra effet qu’en 2019, mais 2017 sera tout de même un bon cru.

Et les hospitaliers ? Ils viennent également d’obtenir de belles promesses de la part de Marisol Touraine. Le plan d’amélioration de l’attractivité des carrières hospitalières pourrait, d’après une source syndicale, se chiffrer à environ 300 millions d’euros. Assez pour que Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), s’inquiète du « surcoût pour les établissements », dans un communiqué publié mardi.

Les labos passent à la caisse

Pour le Pr Claude Le Pen, économiste de la santé à Paris-Dauphine, c’est d’abord l’industrie pharmaceutique qui fait les frais des réductions de dépenses, et ce depuis plusieurs années. « L’essentiel des mesures porte sur les prix des médicaments », estime-t-il. Avec 1,43 milliard d’euros rognés sur les produits de santé et les génériques, les labos sentiront d’ailleurs ce nouveau PLFSS passer.

Deuxième poste d’économie, d’après Claude Le Pen : la pertinence des soins et les achats hospitaliers. Les professionnels de santé n’arrivent qu’en troisième position, et seraient donc relativement épargnés.

Prends l’oseille et tire-toi

Parmi les médecins, les généralistes et certaines spécialités du bloc s’en sortent même particulièrement bien. « La politique des pouvoirs publics est de faire des cadeaux sélectifs », indique l’économiste. Dans l’ensemble, la profession a su tirer parti d’un calendrier favorable. « C’est maintenant qu’il faut encaisser les gains, car on est en année électorale », remarque l’économiste. Avis aux dentistes, infirmiers et kinés, dont les négos arrivent à grands pas, et qui risquent de devoir se partager les restes…

Source:

Adrien Renaud

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