BMJ case report : les médecins ne savent pas écrire

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Lorsqu’une prescription pour une pommade oculaire se termine avec de la crème érectile dans l’œil, on peut se poser la question de l’impact de l’écriture des médecins.
 

BMJ case report : les médecins ne savent pas écrire

La réputation des médecins en matière d’écriture pourrait n’être qu’un banal cliché. En fait non, elle ne l’est pas. Les médecins ont développé leur propre calligraphie à base de pointillés et de lignes plus ou moins courbées, que seuls eux-mêmes et quelques pharmaciens sont capables de déchiffrer.
 
Et encore ! Un BMJ Case report fait état d’un très léger bug de communication écrite entre un médecin et le pharmacien qui s’est occupé de l’ordonnance qu’il avait rédigée. Résultat des courses : une femme s’est retrouvée avec une belle petite irritation oculaire après avoir appliqué une crème contre les troubles de l’érection. Sur ses yeux.
 
Le doigt dans l'œil
 
Pas de contexte particulièrement spectaculaire pour cette histoire qui nous vient d’Écosse. Une femme souffrant de sècheresse oculaire s’est vue prescrire une pommade oculaire, VitA-POS. L’ordonnance est transmise au pharmacien qui, comme tout pharmacien, aurait bien besoin lui-même d’un traitement pour ses yeux fatigués à force de déchiffrer l’écriture des médecins.
 
Petite fatigue donc, et le VitA-POS s’est transformé en délivrance de Vitaros… Pour les novices, Vitaros est une crème à base d’alprostadil destinée à la prise en charge de la dysfonction érectile. Confiante, la patiente s’est gentiment appliquée le vasodilatateur sur les yeux… Avec la petite irritation que l’on peut imaginer. La notice le précise pourtant : « Vitaros peut provoquer une irritation des yeux. Lavez-vous les mains après avoir appliqué Vitaros ».
 
 Les traditions ont la vie dure
 
Nous pourrions nous demander pourquoi la patiente n’a pas lu la notice. Nous pourrions également nous demander comment un pharmacien a pu délivrer une crème pour les troubles de l’érection émise au nom d’une femme. Mais revenons à l’essentiel : pourquoi les médecins écrivent-ils (presque) tous aussi mal ? Sans doute pour le style : un médecin qui écrit bien, c’est louche…
 
« Nous aimerions faire prendre conscience qu’il existe des médicaments dont les noms sont similaires », écrit le Dr Magdalena Edington, du Tennent Institute of Ophtalmology de Glasgow, et auteure du Case report. « Nous encourageons les prescripteurs à s’assurer que leurs ordonnances manuscrites soient bien rédigées en majuscules d’imprimerie, afin d’éviter ce genre de scénarios à l’avenir ».
 
Car les erreurs de prescriptions sont fréquentes. Une étude suggérait qu’en Angleterre, chaque année, les professionnels de santé commettent des erreurs sur 237 millions de prescriptions (spécialité, dosage, mauvaise interprétation…). Ces erreurs sont responsables de 700 décès, et pourraient jouer un rôle dans plus de 22 000 supplémentaires. Alors retrouvons notre âme d’élève de CP et reprenons le goût des lettres bien formées !
 

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