ARS Grand-Est : Le DG déchu mord encore

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Débarqué de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand-Est en plein confinement, Christophe Lannelongue comparaissait hier devant la commission d’enquête parlementaire sur le covid. L’ex-DG en a profité pour défendre son bilan… et distribuer quelques paires de claques.

ARS Grand-Est : Le DG déchu mord encore

Il n’a pas fallu moins de trois heures, mardi après-midi, aux députés de la commission d’enquête sur la gestion de la crise du coronavirus pour venir à bout de leur client du jour : l’ex-DG de l’ARS Grand-Est Christophe Lannelongue. Il faut dire que ce haut fonctionnaire à la langue bien pendue, démis de ses fonctions le 8 avril dernier pour avoir osé dire que les suppressions de postes prévues au CHRU de Nancy étaient maintenues malgré la crise, a tenté une manœuvre osée : transformer son audition (disponible en vidéo ici) en un procès dont il aurait été le procureur, et dont l’accusé n’aurait été autre que… son ancienne tutelle.
Dans l’acte d’accusation dressé par Christophe Lannelongue, ce dernier a évidemment le beau rôle. Son agence n’était certes selon lui « pas préparée à faire face à une crise de cette ampleur », mais elle a « essayé de réagir ». « Il nous semble qu’ensemble, nous avons limité les conséquences de cette impréparation et sauvé des vies humaines », a déclaré l’ancien patron de l’ARS dans ce qui devait être un court propos liminaire, et qui s’est avéré être un long réquisitoire.
Car si Christophe Lannelongue a demandé l’acquittement pour son agence, il n’était pas loin de réclamer la peine capitale pour l’avenue Duquesne. « Nous avons été confrontés à un niveau central dont le pilotage était beaucoup trop uniforme, beaucoup trop aveugle sur la réalité de notre situation, beaucoup trop sourd à nos demandes », a-t-il attaqué. Principal objet de ses récriminations : l’attribution des stocks de masques.

La guerre des masques
L’ancien DG de l’ARS regrette en effet que sa région ait, en dépit de la vigueur de l’épidémie qu’elle affrontait, « été traitée comme les autres régions » dans la distribution d’équipements de protection. « Nos appels n’ont servi à rien », a-t-il regretté. Ajoutant qu’il a fallu attendre la mi-mars et une mission d’un ancien directeur général de la santé, le Pr Benoît Vallet, « pour qu’on s’aperçoive qu’on n’était est pas dans la même situation que les autres, que nous avions déjà des centaines de malades et une consommation de masques effrayante ».
En plus des masques, Christophe Lannelongue a défendu devant les députés ses choix en matière de transferts sanitaires, de relation avec les cliniques, ainsi que sa demande (refusée) de confiner le département du Haut-Rhin dès le 5 mars. Dans ses conditions, quand les parlementaires lui ont demandé comment il a ressenti son éviction de l’ARS, il n’est pas étonnant que l’accusateur se soit drapé dans sa dignité d’homme blessé.
« J’ai bien sûr perçu la fin de mes fonctions comme une sanction très injuste », a-t-il confié. Selon lui, les propos qu’il a tenus sur le maintien des suppressions de poste au CHRU de Nancy ont fait l’objet d’une « instrumentalisation à d’autres fins » : l’ex-maire de la ville aurait tenté d’utiliser l’affaire pour se faire réélire. Mais sur le fond, Christophe Lannelongue ne bouge pas d’un iota. Pour lui, le projet incriminé prévoyant le passage du CHRU de sept sites à un site, « il ne doit pas y avoir quelque chose de choquant à dire » qu’il implique un moindre besoin pour certaines catégories de personnel. Blanc comme neige, on vous dit.
 

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